(Double) journal de L'homme heureux

JS, 9 août 2017

Je pense à #Hh sans y penser vraiment, sans oser plonger dans toutes les implications et nuages de pistes que j’ai laissées. Faut-il tirer tous les fils à fond ? Faut-il laisser l’espace ?

 

JS, 22 août 2017 

 

JS, 14 septembre 2017 

#Hh difficile à reprendre, nuage de pistes, faut-il les suivre toutes ? Les entremêler plus, ou moins ? Qu’y a-t-il de narratif ici, à mon insu y compris ? Comment relier certains tuyaux à d’autres ? Ou les délier ? Et tout ce qui concerne les câbles, le réseau, en effet oui, comment l’aborder sans clichés, avec une vraie connaissance qui ne se voit pas et serve au texte ? Et qu’est-ce que ça pourrait vouloir dire de servir le texte ? Être cohérent je pense, que ça tienne. Peut-être, justement, que ça fasse langue contre le langage soutenu par le capitalisme ? Que ça résiste, un peu au moins, ne soit pas, avant d’être lu, déjà digéré par la grosse machine ; mais est-ce que ça ne devrait pas être l’objectif simple et partagé par tout texte écrit ?

 

JS, 17 octobre 2017

 

JS, 21 novembre 2017

J’espère ne jamais être débordé d’écriture, écrire trop, ne plus savoir ce que j’écris. J’ai toujours deux ou trois textes en route, simultanément, et cela prend du temps de démêler les uns des autres, et je passe des années parfois à simplement faire que l’un se développe — je veux dire même sans écrire — et se détache seul, le temps pour moi de trouver la forme, de reprendre la phrase. Mais si je venais à devoir écrire trop vite ? C’est qu’une forme de routine se serait installée, des automatismes nécessaires pour pouvoir produire. Non. Pour le moment je ne crois pas qu’il y ait de (trop de) points communs, dans la forme, entre Sans, Arthur Maçon, C’était, Village, La Crise, et #Hh. Mais pour la suite ?

 

JS, 16 décembre 2018

D’avoir rendu l’autre jour L’Homme heureux à mes chers et chères éditeurs et ditrices, m’a déclenché, dans le cerveau, des passages à ajouter, ou améliorer, des fragments permettant de solidifier ou fluidifier certains nœuds ou thèmes. En particulier une scène que j’avais complètement oubliée d’écrire, mais conservée dans un coin de mon crâne, s’est rouverte après expédition. Aussi supprimer des formes qui, finalement, je me dis, ne collent pas du tout, ou sont "trop" et, de fait, pas assez. Les réécrire. Enfin, j’ai pris note, il faudra que j’ajoute des paperolles numériques ici ou là. C’est l’effet vernis appliqué au manuscrit.

 

GV, 18 décembre 2018 

Lire Hh, un grand livre avant même que d’en devenir un (je le pense).

 

GV, 16 janvier 2019

Une partie de mon job consiste à prendre un verre avec un auteur (ici Joachim), sortir un carnet de notes (ici avec des hérissons), et lister tous les trucs dans son texte que j’ai pas compris et/ou qui me paraitraient pouvoir être améliorés et sans doute que c’est bien. C’est. Je veux dire, c’est un moment privilégié, je trouve, lorsque le texte est mis à nu sur la table entre nous. C’est du taf.

 

JS, 9 février 2019

Je n’ai plus le temps d’écrire, la dernière entrée dans ce journal date d’il y a plus d’un mois — trop d’ateliers, de sollicitations pour programmer des sites, tout cela permis grâce à mon écriture ; mais si je n’ai plus le temps d’écrire le paradoxe me fait tout perdre. Heureusement une commande de texte arrive, pour L’aiR Nu, ses villes passagères, c’est écrire, c’est à prendre, même si la forme est contrainte. Pourtant, je ne peux pas m’empêcher d’écrire — je retravaille, grâce à Guillaume #Hh, mais trop peu, au lieu de quoi je réfléchis à une refonte graphique de ce site, je lis des articles, regarde des vidéos, et écris ce texte sur les Gilets Jaunes, plus pour organiser mes idées sur le mouvement que pour trouver une quelconque explication, analyse sur ce qu’il se passe.

 

JS, 13 mars 2019

Je lis Guillaume écrire dans son journal :

[…] je suis déchiré par des questionnements esthétiques qui, je l’imagine, taraudent aussi d’autres auteurs. Par exemple suivre une narration cadrée et/ou écrire viscéralement. Et sur le seuil de Morphine(s), forcément, ça oscille. Raconter, c’est comme un autre langage. Mais jusqu’où raconter ? Et bien que je sois attaché à une vie d’intuition et d’impulsion dans l’écriture je ne peux pas pour autant passer mon temps parler tout seul dans de la brume épaisse.

Et bien sûr pour #Hh, surtout pour #Hh — que je prononce avec l’habitude comme ça plutôt que son véritable titre L’Homme heureux — cette question, faut-il "raconter", trouver une narration, un sens temporel et géographique aux événements ?

Le travail qui détruit, un dessin, 1962, Neruda, un poème, considérations géographiques sur un Méridien fictif, un TGV et un CV en 201x, le monde est-il ordonné, soi dans le monde, rapide digression sur Los Angeles — et mélanger ça. Je dois me demander dans quel but — ou alors : pourquoi me le demander ? Est-ce que l’enchaînement et l’entremêlement de ces — quoi d’ailleurs ? "sujets" ? — est-ce que ça se lit, est-ce que ça emporte ? Se poser la question de pourquoi passer d’un travail à l’autre, d’une date à l’autre, pourquoi un Méridien fictif ? Pour moi, il s’agit de mêler, comme libre association, comme des paquets de données IP d’un même message découpés et mélangés dans les câbles par le protocole réseau qui les transporte de nœud en nœud, pour être reconstitués à l’arrivée, comme on clique de mot en mot en se perdant, en se retrouvant, soi, peut-être.

Ou se laisser lire, même si le temps contemporain 201x ne correspond pas exactement à la suite du passage précédent. Peut-être ne corriger que ce souci de date, parce qu’il ne faut pas exagérer ? Je ne sais pas quel livre chaque lecteur va se faire en lisant. Dans celui-ci, l’effet provoqué par mes digressions, mélanges, liens, est j’espère d’offrir des espaces au lecteur où divaguer. "Resserrer", peut-être, ça oui, comme me disait une éditrice pour Village, chez un autre éditeur [1] c’est réduire les redondances, ne conserver que ce qui mène à, concentrer l’essentiel, tendre tout ce qui relie, élaguer.

Claude Simon répondait aux critiques qui lui étaient faite d’être "trop complexe" à lire que oui, il était même impossible à lire si l’on essayait de faire rentrer un de ses livres dans un roman balzacien ou dans un Stendhal, que c’était comme chercher à regarder un Miró ou un Kandinsky comme un Delacroix ou un David, ce qu’on ne fait pas : on les regarde une peinture abstraite "pour ce qu’elle est".

Donc on n’imagine pas une seule seconde Claude Simon se dire qu’il va grossir un élément narratif pour... pour quelle raison, en réalité ? Évidemment, pour soi, c’est différent, si l’on veut hisser son écriture autant que l’on puisse, on peut toujours se dire qu’il faut faire une concession à... au... à quoi ? Je ne sais plus. Pourquoi céder ? Et pour ça il faut prendre les modèles les plus hauts bien sûr, Proust, Simon, Perec, Sarraute, Duras... Mais à quel moment on se dit qu’il est nécessaire de... ? Alors : écrire viscéralement ?

Je lis Les Géorgiques et le mot que je cherchais pour décrire ce que ça fait de lire ce livre, ce mot m’a été donné lors d’une émission de la série consacré à l’auteur dans La Compagnie des auteurs sur France culture, c’est "visuel". Terme réducteur bien sûr car on pourrait aussi bien lui ajouter d’autres sens, c’est "sensible", c’est visuel comme un tableau, abstrait justement. En tout cas, "narratif" n’est pas une option, mais si beaucoup de choses, d’événements, sont dits, placés, mais sans être racontés. "Mise en scène" est à côté aussi, tellement je me sens dans le texte, à la place du narrateur, plus précisément dans sa mémoire, comme si regardant un Rohtko je me faisais peinture et coton et n’étais plus devant la toile qui, légèrement détachée du mur, m’avait aspiré.

Il y a beaucoup de livres lisibles, bien ficelés, bien pensés, bien écrits, bien, vraiment très bien et que j’aime et qui me sont même indispensables pour certains, bien plus que d’autres qui me sont illisibles et d’autres encore qui font honte ; mais combien de grands livres, des livres rares, des livres qui font littérature, qui façonnent l’Histoire de la littérature, des livres qui indiquent, qui rappellent que le chemin où écrire n’est pas tracé ?

Il paraît, je n’ai pas lu jusque là, que La Recherche se termine par un essai de 50 pages. Pourquoi pas ?

 

GV, 16 mars 2019

Dans ce rêveJoachim avait inclus un nombre invraisemblables d’idées farfelues dans Hh et je lisais ça estomaqué. Malheureusement, je ne me souviens d’aucune d’entre elles, je ne revois que mon regard derrière le manuscrit papier (preuve que c’était un rêve), et pas une fois la caméra n’est passée de l’autre côté pour qu’on puisse lire (lire !) la réalité de ces vor-textes fous.

 

Lire toute la ponctuation > http://www.relire.net/hh/ponctuation/

 

JS, 26 mars 2019

Voilà. Envoyé à nouveau #Hh, après retravail basé sur les retours que Guillaume m’a fait en janvier, qui m’ont ouvert certains pans de mon texte que je ne saisissais pas entièrement.

Relu, modifié, réduit ici, augmenté là, passages allégés ou mieux liés aux autres, passages ajoutés, disséminés, supprimés, et l’ensemble me paraît maintenant, contrairement à la dernière fois, valable — en attendant autre chose, disons. Un exemple, la deuxième moitié redescendait alors que le texte, depuis le début appelle à ne pas ralentir le rythme, à créer une autre accélération. Autre chose, un moment clé complètement raté. Et j’avais quelque chose en tête, et ne l’avais pas écrit. Pour certaines choses, j’avais besoin de l’envoyer en novembre avec le sentiment que ça n’allait pas — et ça n’allait pas, le texte — pour clore quelque chose, et par ce geste, à la façon de mon vernis numérique, déclencher en moi la vision de ce qui manquait, en plus des retours précieux de Guillaume.

 

Vous voulez lire le début de L'homme heureux ? Vous tombez bien, il passe justement dans un câble de fibre optique près de chez vous.#TcpIPCliquez-ici pour entrer dans le protocole réseau : http://relire.net/hh/debut/

Publiée par Joachim Séné sur Jeudi 2 janvier 2020

 

GV, 4 avril 2019 

Faute de temps de cerveau pleinement disponible, je n'ai cessé toute la semaine de remettre au lendemain le moment de découvrir la nouvelle version du manuscrit d'#Hh, nom de code qu'a trouvé Joachim Séné pour son prochain roman, L'homme heureux, et dont il rend compte de ses travaux de réécriture sur son site. Ce n'est pas vraiment (relire un texte, travailler à l'annoter dans ses moindres recoins après une phase plus générale sur les énergies d'ensemble effectuées en décembre-janvier) quelque chose que je peux faire en picorant une heure ou deux ici ou là entre d'autres tâches parallèles. Voilà pourquoi je le remets encore, ce ne sera pas pour aujourd'hui. Mais ça me pèse de ne pas être en accord avec mon propre planning, fût-il mental.

 

GV, 8 avril 2019

L'après-midi, je peux enfin me mettre à Hh. Troisième lecture pour moi, toutes différentes. J'ai l'impression de m'approcher progressivement du texte comme lorsqu'on voit venir vers soi le paysage en contrebas avant l'atterrissage d'un avion. De loin, tout paraît fondu dans une forme de fixité. Plus on s'approche, plus il y a du mouvement, un flux, de la vie. Là, si je remarque d'éventuelles coquilles ou erreurs de formulation, syntaxe, c'est surtout le moment venu de signaler ce qui ne me paraît pas toujours clair (enjeu important, le roman étant parfois très technique). Il faut alors trouver sa propre distance et ne pas aller contre le flux (de la langue, mais aussi de la narration, des énergies souterraines). Dans un texte comme ça, on pourrait craindre, en déplaçant une phrase, de faire s'effondrer tout l'édifice. Ne pas le faire, donc. Pour autant, il convient de noter tout ce que l'on pense de nature à nous perdre, ou tout ce qu'on n'est pas sûr de saisir, ne serait-ce que pour permettre à l'auteur de prendre conscience de certains écarts : ici, on a tendance à perdre le fil, est-ce que c'est un choix conscient ou c'est un accident ? C'est un travail exigeant qui ne souffre aucune saute d'attention, raison pour laquelle je me défais des mails et des notifications de la vie quotidienne qui, elle, pendant que je n'y suis pas, continue son chemin. Grâce à ce roman, j'apprends qu'il existe une société des amis des câbles sous-marins (et je ne m'en remets pas). Surtout, on peut lire des trucs comme (et j'écris superbeau en commentaire dans la marge, ça ne sert à rien mais c'est indispensable) :

ici des dunes, là-bas des pierres, partout la mer — un pont sur l’usine marémotrice — les données par vagues, raz-de-marée de data remuées par des câbles vitesse de la lumière — nos messages dans l’écume

Lorsque j'émergerai du texte, reprendre pied dans la réalité me coûtera plus de vingt mails en attente. En trois heures, j'ai à peu près couvert le premier tiers du manuscrit.

 

GV, 9 avril 2019

On en est aux deux tiers, je finirai demain (même si finir n'est pas exactement finir, il me restera encore à reporter mes notes, commentaires, corrections dans le fichier ODT de Joachim avant de le lui renvoyer).

 

GV, 15 avril 2019

Je termine aussi de reporter mes corrections et remarques dans l'ODT de Joachim pour Hh : j'ai eu le temps de cogiter un peu certaines de mes interrogations sur le texte, j'ai laissé reposer mes pensées. Parfois, tout est très factuel et je signale aussi ce qui me touche (***) :

D'autres fois, c'est plus nébuleux (et, bien sûr, si je me permets de commenter ainsi, c'est qu'avec Joachim on se connait un peu) :

 

JS, 6 mai 2019

#Hh Amusements des relectures, ce commentaire de Guillaume : "On ne remettrait pas un coup de Neruda ici ?".
Mais tout à fait.

 

Et si L'homme heureux avait un autre début ? > http://www.relire.net/hh/partiel/

 

GV, 3 juillet 2019

Pendant un moment, on échange avec Joachim : le mail envoyé samedi avec mes retours sur Hh a été censuré par Google qui voit d'un mauvais œil que l'on tente via la littérature de DÉTRUIRE INTERNET (mais nous veillons).

 

GV, 10 juillet 2019

Puisque Google censure nos échanges mails avec Joachim Séné, qui rappelez-vous projette dans Hh de détruire internet, il faut ruser pour s'écrire et faire en sorte que nos mails arrivent bien à destination. Donc, ce matin, voici ce qu'il m'écrit pour l'envoi de la V5 (et il précise au moins) :

J'ai toujours pensé que Facebook et Google étaient des entreprises philanthropiques, mises à mal par des détracteurs jaloux, journalistes solitaires en manque de sujet, toujours prompt à déverser leur haine sur le Bien et le camp du bien.
ci-joint un document hagiographique sur cette Belle Entreprise qu'est Google, qui n'est pas le devil, yo.

Et ça marche ! Je reçois bien son message et la pièce jointe qui va avec.

 

JS, 21 août 2019

Comment écrire après avoir terminé un roman ? Comment se remettre à écrire, commencer quelque chose de nouveau, quand on a terminé un texte, qu’il a même été relu, plusieurs fois, corrigé, amendé, ajusté, resserré, qu’il approche de l’impression finale et qu’on n’a plus rien sur le feu ?

Dans mon cas je viens de terminer, sur ces quelques mois, non pas un, mais quatre livres. L’Homme heureux (dont il est souvent question ici), Quelques ciels (qu’on a pu lire sur Twitter, certains soir il y a 2 ans et dont je ne sais pas quoi faire, pour moi c’est un livre mais il ne fait que quelques pages), Quelques divans (que mes abonné.e.s ont pu découvrir ici, qui est lui aussi sans doute un peu maigre pour l’édition (une cinquantaine de pages à peine)), et enfin À travers champs qui sort en septembre (écrit avec Anne Savelli pour L’aiR Nu et ses Villes passagères). Je pourrais aussi ajouter Les Nuits (qu’on connait, à commander, qui viennent d’ici) que j’aimerais voir en livre sur beau papier, illustré pourquoi pas, petit objet. Mais je ne sais pas du tout quoi en faire, à qui l’envoyer, je suis perdu et tétanisé comme devant un document de demande de bourse, de résidence.

J’ai donc terminé tout ça, n’ai rien en cours, strictement rien, tout s’est terminé en même temps et c’est un peu le vide. L’angoisse de la page blanche, pour moi, ce n’est pas avant d’écrire, mais après, quand il n’y a plus de page.

 

GV, 23 septembre 2019 

Je pars retrouver Joachim Chez Prosper où, là, le Cacolac n'est pas en promotion, quel dommage. De fil en aiguille en câble sous-marin, nous voilà à deviser sur Hh, c'est-à-dire donc L'homme heureux, sur lequel il travaille en ce moment même, preuve à l'appui, je le vois faire, je peux donc en témoigner ici, mais aussi de ses expérimentations APIesque (je ne sais pas si ça se dit) publiées sur remue : Orly, un genre de poème algorithmé pensé comme une ode aléatoire aux envols et aux atterrissages d'avions dans le ciel tourmenté (ou pas) de l'aéroport d'Orly et Je ne pouvais plus écrire, texte écrit pourtant, et traduit grâce à un réseau de neurones, comprendre en réalité une machine.

 

GV, 26 septembre 2019

Le texte est prêt. Je parle de L'homme heureux. Je reprends le manuscrit une dernière fois (quelques traits d'union, deux trois coquilles et, non, correcteur embarqué, nous ne changerons pas muslim en musli...) en allant-venant entre la dernière version envoyée par Joachim hier (V6 !) et la précédente annotée par Philippe. En reprenant le fil des commentaires, je tombe sur celui-ci :

Les travaux en cours sont limités en terme de nombres de bits quantiques qu’ils peuvent maintenir sans décohérence (qui détruit la superposition des états nécessaires pour « combiner » deux bits quantiques). Mais cela reste intéressant d’explorer quels calculs pourraient se dérouler sur des calculateurs quantiques s’il en existait sans ces problèmes, et en particulier la façon dont certains problèmes intraitables en complexité ne le seraient plus. Pour le chiffrement, ce serait aussi le cas si l’hypothèse de Riemann généralisée se révelait fausse.

J'espère que vous suivez (moi non). Dans une note interne, j'essaye d'expliquer clairement à Roxane qu'à un endroit il conviendrait de couper les u non en quatre mais en deux, et je me souviens que le nouveau mot le plus long de la langue française n'est plus anticonstitutionnellement mais intergouvernementalisations (à moins que cyclotriméthylènetrinitramine mais il est dit que chimiquement ça ne compte pas).

 

JS, 17 octobre 2019

Malgré plusieurs textes en route, après finalisation de L’Homme heureux je me sens un peu perdu, démuni, vidé. Or ces textes en route existent, bien qu’ils soient courts. Je les considère mal et c’est l’effet du format roman, ce format roi qui jette son ombre sur tout le reste, les petits textes, les textes courts, ces riens. Après Village, j’ai enchaîné un autre livre à mon rythme lent, et ça y est, j’ai l’impression d’écrire "du roman", d’être là-dedans comme on est dans la finance. Mais non, ce sont aussi bien deux exceptions dont il faut me méfier. Je ne dois pas me mettre à déconsidérer ou redouter l’écriture courte qui a toujours été — j’emploie une grande expression — au "centre de mon travail", et continuer à chercher les formes qui conviennent le mieux à ce qui me vient là, d’écrire. Et ce texte de 2008 retrouvé, qui n’est plus ma langue, c’est peut-être ça qu’il me dit, de me concentrer à nouveau, peut-être, sur autre chose que l’écriture longue, et les textes en route que j’ai vont accompagner ce mouvement, je pense.

 

GV, 7 novembre 2019

Dépôt des métadonnées (qui, je rassure de suite Joachim, ne tueront a priori personne) pour L'homme heureux, Le Faune Barbe-bleue et Le Journal du Brise-lames. Pour L'homme heureux, Roxane termine son travail sur la couverture, laquelle s'apprête à détruire internet, ni plus ni moins.

 

GV, 12 novembre 2019 

Dépôt des fichiers pour les épreuves de L'homme heureux.

 

GV, 26 novembre 2019

L'homme heureux est en production et prêt à être imprimé.

 

GV, 2 décembre 2019 

Texto de Chronopost, probablement vexé par le dernier carnet de bord : un évènement nous amène à décaler la livraison du colis XXXXXXXX au 04/12. Ce sont probablement mes hommes heureux, je veux dire les épreuves de L'homme heureux. Du moins, je l'espère. On ne saura pas à quoi correspond l'évènement en question (le camion livraison a-t-il roulé sur un câble malin ?).

 

GV, décembre 2019

Se replonger dans l'épreuve de L'homme heureux. Sauf que ça, je l'ai déjà fait un peu plus tôt dans la journée. Quelques petits ajustements de dernières minutes, notamment sur la couverture (réagencer le nom de l'auteur et le sous-titre pour que ce soit plus visible), mais aussi dans le texte. Fort heureusement, avec Christine (puisque nous relisions en même temps), on ne voit pas les mêmes choses. À deux endroits du texte, une lettre fantôme s'est déplacée d'une ligne. Flippant. Dans les bulles de commentaires, j'écris plusieurs fois la phrase désolé de me réveiller si tard mais... Et Roxane modifie légèrement l'interlignage, pour le resserrer un peu : on trouve que ça flotte peut-être trop. Or, dans le roman, les câbles sous-marins, ils ne flottent pas, ils ne cherchent pas à esquiver la douane pour arriver en Suisse : ils sont ensouillés (et le reste de l'humanité avec).

 

GV, 30 décembre 2019

L' Homme heureux nouveau est arrivé ce matin, à temps pour nous assurer que tout va bien dans le meilleur des mondes des câbles et de la fibre optique.

Le titre L'Homme heureux est-il le meilleur titre possible ?
Vous pouvez en choisir un autre si vous le souhaitez. > http://relire.net/hh/titre/index.php