Carnet de bord 2020, semaine 1 5 janvier 2020 – Publié dans : Carnet de bord – Mots-clés : , , ,

publie.net, le feuilleton, à retrouver chaque semaine, par GV.

lundi

Déjà qu'on n'a pas eu de semaine 52, voilà qu'on enchaine non pas sur une semaine 53 mais une semaine 1, c'est brouillon tout de même. Mais c'est la vie qui veut ça. On espère que cette nouvelle année sera heureuse (non, je dois garder ça pour la lettre d'information). On espère que cette nouvelle l'année sera l'occasion de vous en remettre à L'homme heureux (voilà, c'est une meilleure accroche). Lequel Homme heureux nouveau est arrivé ce matin, à temps pour nous assurer que tout va bien dans le meilleur des mondes des câbles et de la fibre optique. D'ailleurs le voici.

Quant à moi, je peux enfin me remettre à la dernière version en date des Présents, à savoir la troisième. Selon l'outil que j'utilise pour me replonger dans le texte, des signes fantômes apparaissent (des signes donc à la fois présents et absents). C'est somme toute approprié. Parfois, les commentaires sont non investis par le langage.

Et parfois le langage reprend ses droits.

Le fichier a été coupé en deux car ployant sous le poids des révisions et des commentaires. Pour dire les choses plus simplement : le traitement de texte ramait. Aujourd'hui, je pourrais boucler la première moitié, et demain après-midi la seconde. Là, je vais de nappe de texte barré en nappe de texte nouvellement éclos. Je compare les versions grâce à ce dispositif. Je vois aussi les retours d'Antonin via le jeu des commentaires et des réponses. Quand il écrit je te fais confiance, ça me fait drôle. Ce n'est pas une maigre responsabilité quand on te fait confiance pour amender ou remodeler, comme on dit, une œuvre de l'esprit. Un grand philosophe n'a-t-il pas dit un jour Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités ? Non, c'est l'oncle de Peter Parker, dans Spider-man. Mais ça ne veut pas dire que ce ne soit pas adapté à la situation présente.

mardi

Suite et fin de la reprise des Présents dans leur dernière version. On ne va pas nécessairement vers une simplification du texte (il y a aussi des mouvements plus conséquents dans la composition d'ensemble, des passages que l'on déplace, des fins de chapitre que l'on façonne, que l'on assèche, selon parfois des méthodes assez artisanales : j'entends par là, qui ressembleraient à l'effort d'un artisan sur un objet à reprendre, si je prends cette partie-là pour la mettre ici, celle-ci peut me servir de cheville), mais c'est quand même le moment de couper ce qui dépasse, ce qui n'est pas utile puisque c'est un mot que j'ai beaucoup utilisé fin octobre). De fait, le texte est plus équilibré, car il est plus électrique. Ce n'est pas tellement qu'il va directement à l'essentiel (raconter, c'est aussi faire des détours), c'est qu'il est plus connecté. On peut tout à fait se fondre dans un récit fait entièrement de digressions, du moment que la langue est conductrice. Que l'on passe d'un état à un autre du texte (de mot en mot, de phrase en phrase, de paragraphe en paragraphe, de chapitre en chapitre) selon un mode de composition, ou de tissage, cohérent. C'est à cela que nous sert de retirer ce qui dépasse. C'est donc assez différent de simplifier.

Plusieurs fois, Antonin écrit quelque chose que je trouve éclairant dans les réponses aux remarques que j'ai pu lui faire initialement : ça, ce n'est pas mon personnage qui pourrait le dire, c'est moi. Il faut que je me taise, que je lui laisse plus de place.

Un peu plus tôt, il y a quelques semaines, voici ce qu'il m'écrivait, toujours sur le personnage de Théo, et sur la profusion des questions dans le texte, et le désir ou non d'y répondre. Signe que ce n'est pas seulement de petites choses qui ont bougé mais une vision plus vaste du récit lui-même :

J'ai eu l'impression (...) de décaler la place du lecteur. Voilà ce que je veux dire : ma manière de poser les questions et d'y répondre, avant, était une façon d'inclure le lecteur dans le regard « surplombant » du narrateur : tous les deux regardant Théo évoluer et commentant son parcours. Maintenant, le lecteur se range du côté de Théo : quand Théo doit trouver son chemin parmi les questions posées, le narrateur demande au lecteur de faire la même chose : de se faufiler dans les interstices, de choisir entre la réalité et la fiction. Autrement dit, de décider au cas par cas, de faire de chaque passage du roman une lecture réaliste (rationnelle) ou fantastique. 

 

mercredi

jeudi

Chaque fois que j'écris l'expression au temps pour moi, je pense à Napoléon. Je ne sais pas s'il est bien en réalité lié à cette expression de près ou de loin, mais c'est une locution controversée. En réalité, on n'a peu l'occasion de s'en servir. Mais là oui. C'est dans une bulle de commentaire, et c'est plutôt une réponse à une réponse à un commentaire que réellement un commentaire. Je lis la nouvelle version de Sœur(s), le premier roman de Philippe Aigrain que nous publierons à la rentrée prochaine (celle de septembre, pas rien celle d'aujourd'hui). Ma semaine aura donc pleinement été consacrée à la rentrée, car 2020 n'attend pas (la preuve, on y est déjà). Au téléphone, nous discutons du calendrier. Si on raisonne en terme de marketing à la con... On ne dira pas la suite. Mais le fait est que raisonner, on le fait. Le texte est déjà bien équilibré, la plupart du temps lors de ma précédente lecture, je signalais simplement ce qui m'apparaissait comme involontaire, et m'attardais sur des passages moins clairs que d'autres. Le roman est désormais plus fluide. Il tient. Pour comparer entre elles les versions (et, comme souvent, la version que j'ai sous les yeux, à ma troisième lecture, est en réalité le fruit de plusieurs versions antérieures que moi je ne vois pas), j'ai trois écrans d'ouvert en parallèle, c'est-à-dire qu'en réalité c'est faux : j'en ai deux (l'ordi, la liseuse), et au sein même de l'ordi j'en ai deux, via une séparation d'écrans immatériels (bureaux virtuels). Je passe de l'un à l'autre. Je me mélange les pinceaux : je veux écrire sur l'écran de l'ordi, qui n'est pas tactile, je crois me tâcher avec le stylet, qui est sans encre, et je crois répondre aux commentaires sur un écran eink qui n'affiche pas les commentaires. Et, parce que le système de commentaires de Libre Office indique, quand on répond à l'un des commentaires, la mention "...", j'ai  l'impression de voir partout le smiley -_- (mais en fait non). Je commence la plupart de mes réponses par oui suivi d'une virgule (c'est sans doute bon signe). Quelle que soit l'impression que je donne dans ce carnet, j'avance bien.

Ce qui est assez amusant, c'est de constater qu'entre Les présents et Sœur(s), il y a un lieu commun. Pas au sens de cliché mais au sens d'espace, ou territoire, faisant le lien de l'un à l'autre. C'est à la fin des Présents, et au début de la deuxième partie de Sœur(s). On en dira pas plus. Mais c'est un heureux hasard géographique.

vendredi

Pendant qu'une réunion pour préparer l'année stratégiquement parlant se joue à Lourdes, je termine ma relecture de Soeur(s). J'ai noté un certain nombre de choses de mon côté, et je les reprends toutes avant de les envoyer à Philippe dans le fichier dernièrement commenté (et nettoyé pour l'occasion de nos conversations passées, n'ayant plus cours). Si je fais cette gymnastique-là vis à vis de moi-même (noter des trucs pour moi, que je reprends ensuite), c'est pour vérifier que je n'ai pas changé d'avis entre-temps. Dans la plupart des cas, ce n'est pas le cas (là encore, c'est bon signe). Mais parfois oui, signe qu'il n'était probablement pas utile d'inclure ces remarques. À un moment donné, il est question de The Enchantment of Lily Dahl de Siri Hustvedt, qui est quelque part dans sa version française dans ma bibliothèque (mais je ne retrouve pas om), et au sein duquel me semble-t-il il est question, à un moment donné, de Marilyn. Laquelle Marilyn se découvre en feuilleton, sous la plume d'Anne Savelli, sur remue.net. Laquelle Anne Savelli m'a envoyé tout juste la nouvelle version de ses oloé. Et cette chaîne de conséquences ou de coïncidences, bien que totalement artificielle (on ne va pas se mentir) me paraît une bien belle façon de terminer ce premier carnet de bord de l'année.