Carnet de bord 2020, semaine 22 31 mai 2020 – Publié dans : Carnet de bord – Mots-clés : , , , , , , , , , , ,

publie.net, le feuilleton, à retrouver chaque semaine, par GV

lundi

  1. À une lettre près, très proche sur le clavier, publie.net devient oublie.net (une coquille est si vite arrivée).
  2. La semaine dernière, autre coquille s'agissant du carnet : carnet de bord 2021. Ce qui est tout à fait anormal, en effet : la semaine dernière, alors, nous étions dans le passé.
  3. Échanges téléphoniques avec Juliette Mézenc au sujet d'une exposition fameuse à l'automne incluant le Journal du Brise-lames, wouhou, on en dira bientôt plus...
  4. Le marché du livre devrait être rebaptisé le cirque du livre : Vivendi (propriétaire exclusif d'Editis) possède maintenant un peu plus de 10% de Lagardère, lequel possède Hachette, concurrent principal d'Editis. Au final, je crois qu'il est plus direct et efficace de tout simplement faire un crowdfunding pour financer Bolloré plutôt que de perdre son temps, des livres, à en acheter (notez que je ne parle même pas d'en lire).

mercredi

Vous avez bien lu. Hier, j'ai oublié d'écrire le carnet de bord. C'est un non-évènement en soi : ça n'arrête pas d'arriver, soit que je ne puisse pas trouver le temps dans le tumulte, soit que je ne trouve rien de bien transcendant à dire. D'ordinaire, je fais des carnets de bord fictifs, qui ne sont qu'une image déformée de ma semaine, c'est-à-dire que je répartis les éléments bien réels pas forcément dans les bons jours pour que ce soit 1) cohérent et 2) homogène. Qu'il y ait une illusion de narration, quand c'est possible. Un journal, c'est aussi, du moins en partie, de la fiction. Une représentation, disons. Et je n'ai pas de problème avec ça. Mais là, non, c'était différent. Si je n'ai rien écrit, ce n'est ni faute de temps, ni faute de trucs à dire. Si je n'ai rien écrit, c'est que je me suis retrouvé happé dans la relecture du roman de Sébastien Doubinsky que nous sortirons en janvier, La comédie urbaine, ce qui n'est pas anodin tout de même. J'ai donc oublié de l'écrire, incapable de sortir du manuscrit. Il me semble que cela fait partie des choses essentielles à dire ici, quand bien même en réalité ce happage (?) était aussi problématique : quand on est à ce point investi dans une lecture, disons, affective, on n'est plus aussi efficace dans la part technique de la chose qui nécessite quand même de baliser le texte, de le corriger, de le questionner, de l'imaginer autrement. En fait, c'est un roman très drôle, très fluide, très bien composé. Une parodie, mais une parodie équilibrée. Et d'où qu'on le prenne, on se prend, justement, au jeu. C'est un signe. D'où le pas de mardi cette semaine. Et le petit écart temporel qui a suivi. Pendant ce temps, des epubs se font, se défont ou se terminent (Notre vie n'est que mouvement, Sœur(s)...) et une enquête typographique fait rage (l'ère du soupçon, sans doute).

 

jeudi

On a reçu les épreuves de Dans le sillage de Louise Ackermann et si je n'ai pas encore eu le temps de l'ouvrir, j'ai eu le temps de le toucher. La couverture, je veux dire. Les couvertures de nos livres sont douces : en salon (du temps où il y avait encore en ce monde des choses aussi extravagantes que des salons), les visiteurs, lecteurs, acheteurs qui sait de nos livres les touchent pour le plaisir, comme ça, en passant. C'est à cause du (grâce au) soft touch, le pelliculage d'LSF (notre imprimeur), lequel est mat et, donc, doux. Oui mais là n'est-ce pas encore plus doux que d'habitude ? Ou bien c'est juste une impression ? Je compare entre les livres, je fais des tests caresses. C'est le contrôle qualité de la douceur. Mais peut-être ça vient de moi. À force de ne voir personne et de ne toucher à rien, peut-être que mes sens ont développé un genre d'hypersensibilité aux couvertures de livres ? Une sensibilité antécovidienne ? On ne saura pas. Mais enfin, sachez-le (achetez-les) nos livres sont doux. Ils le seront encore à l'avenir : l'avenir nous occupe. Pendant que Roxane propose des couvertures pour le prochain recueil de Sébastien Ménard à paraître dans notre collection L'esquif, et qu'elle cogite pour celle de La comédie urbaine, je termine de mon côté la relecture du texte, du moins la première passe sur lui, et je me dis, voyant le traitement de texte souffrir un peu du nombre de révisions (de typo principalement, mais qui n'atteint pas non plus le chiffre extravagant de 44 000 annoncé par l'application, qui sort de nulle part), tiens c'est bizarre, il rame. On dirait qu'il croit que le texte est très long. Psychose momentanée alors : que se passe-t-il, c'est la machine qui rend l'âme, ou alors une histoire de RAM en moins, ou alors c'est un genre d'altération du formatage, ou alors c'est tout simplement la chaleur qui commence à nous faire fondre le cerveau. C'est là que je découvre le pot aux roses (coup de théâtre imminent) : le roman est long. Lors de mes lectures précédentes, je l'ai traversé très vite. Pas que je n'y ai pas prêté attention bien sûr, juste que c'est un livre dans lequel on est bien : au cours de lui le temps file.

 

vendredi

Quelles sont les pistes pour sauver l'édition indépendante (à supposer seulement que la sauver soit à l'ordre du jour) ? Autoriser la publicité des livres à la télévision ?  Voilà qui nous intéresse particulièrement (il convient ici d'imaginer une pub pour L'homme heureux en préambule du débat présidentiel de 2022, une autre pour Retours à la mi-temps d'une demi-finale de Ligue des Champions, retour bien entendu, avant un spot pour La ville soûle après Plus belle ma ville, oui ça existe) ; en fait, non. Peut-être que la solution viendra des maisons d'édition elles-mêmes ou des diffuseurs et non de l'extérieur, raison pour laquelle sans doute plusieurs proposent déjà en vue de la rentrée des remises libraires dopées aux hormones ? Les coïncidences également vont bon train : au moment où je boucle une dernière relecture du Blanchot de Benoît Vincent, Vladimir du dépôt légal du livre numérique à la BNF m'écrit et mentionne (entre autres), ce texte de Pierre-Antoine Villemaine, qui a mis en scène des et écrit sur (vérifier) Blanchot, dans la revue Hors sol que co-dirige, justement, Benoït Vincent. Saine lecture avant l'envoi de la lettre d'info de juin qui annoncera, entre autres, la parution mercredi de Notre vie n'est que mouvement, de Lou Sarabadzic, l'occasion de vous confier tous à son lancement dématérialisé (et disancé) mercredi 20h :