Carnet de bord 2020, semaine 14 5 avril 2020 – Publié dans : Carnet de bord – Mots-clés : , , , , , , , , ,

publie.net, le feuilleton, à retrouver chaque semaine, par GV

lundi

La semaine commence avec un bug. Le site fonctionne, mais l'espace abonnés ne permet plus le téléchargement des livres numériques : à la place, le lien renvoie vers la page d'accueil, quand il ne télécharge pas carrément ladite page d'accueil en html (ce qui peut ma foi être utile à certains, mais en règle générale non). D'abord, on se dit, oh là là il ne manquait plus que ça (oui, on parle comme ça chez publie.net), et on teste ailleurs, sur d'autres navigateurs, bim. Pareil. Alors message à notre développeur Romain qui va, en 18 minutes chrono, trouver le bug, comprendre de quoi il s'agit, le corriger, et nous répondre. Fin de l'histoire. Tout va bien à présent. Puis plus : c'est désormais OVH qui a un problème d'hébergement, le site est provisoirement hors ligne. Avant de revenir. C'est les montagnes russes aujourd'hui et nous dévalons les grands huit : le site est désormais plus rapide que d'habitude (à classer parmi les mystères du confinement) avant de reralentir un peu plus tard dans la semaine : c'est que des légions d'âmes confinées tirent en même temps sur la corde de la bande passante, sans doute.

 

mardi

Bonne nouvelle : les ventes de livres numériques explosent ! Ce n'est pas moi qui le dit. Bon, si on était un tantinet pointilleux, on remarquerait que ce serait cool quand même que Gallimard et Flammarion (qui font désormais partie du même groupe, soit dit en passant) ne soient pas les seuls concernés. Mais comme nous ne sommes pas un tantinet pontilleux, tout va bien ! Chez KoboPlus d’un million d’ebooks gratuits téléchargés en seulement 24 heures et plus de trois millions en 72h. Bon, l'article précise aussi : aucun chiffre sur les ventes payantes (il y a sans doute anguille), et par ailleurs chez eux la prédation et l'exploitation des données de lecture se portent bien. L'attitude de certains grands groupes est d'ailleurs assez éloquente quant au rapport aux prix de vente : promotion de livres qui viennent à peine de paraître par exemple. Faut-il comprendre que lorsqu'il n'y a pas de librairies physiques à ménager, on tolère de vendre la version numérique du livre à son juste prix ? Y a-t-il une vie en dehors de la promo ? Qu'en est-il de notre côté, qui pratiquons toute l'année des prix corrects en numérique, pas uniquement en période confinée ? En mars (chiffres arrêtés sur l'ensemble du mois, j'empiète donc un peu sur le futur proche), nous avons vendu 1537 livres numériques, wow trop bien... dont 1222 gratuits. Notre nombre de livres numériques payants est donc en nette augmentation par rapport à février dernier (315 VS 231), mais presque équivalent à mars 2019 (303). Même chose concernant le chiffre d'affaire et les abonnements, d'ailleurs. Pas de ras-de-marée, donc, pas d'engouement, pas d'explosion. D'autres éditeurs, qui proposent par ailleurs des livres numériques mais de toute évidence n'en font pas une priorité, commencent à s'étonner de ce que les livres numériques gratuits se vendent. Quel choc ! On voit aussi de plus en plus la presse s'intéresser au format, et aux littératures accessibles sur le web également (mais quand même, si c'est gratuit, c'est mieux). Tant mieux. Mais que se passera-t-il au lendemain du confinement ? Celles et ceux qui ont découvert qu'il existait une littérature hors du livre, et notamment sur le web, ou sous des formes dématérialisées, vont-ils savoir s'en souvenir, ou en reviendra-t-on au bon vieux business as usual ?

 

mercredi

Pendant que Philippe lutte contre des moulins à vent pour qu'on se fasse rembourser de frais d'hébergement à Bordeaux désormais inutiles puisque le festival Escale du livre a été annulé et que Roxane s'attelle aux mises à jour de classiques à proposer très vite (Verlaine, Baudelaire, Jarry, Meric ; du beau monde), puis aux versions numériques des premiers volumes du cycle Maeterlink,

suite (et fin) des relectures du Quignard de Benoît Vincent. Un commentaire : Est-ce qu’on ne glisserait pas ici un prospectus de teasing commercial sous la forme d’une note de bas de page évoquant le tome 3 à paraître :} ? Si vous vous posez des questions, sachez qu'il s'agit là du smiley dandy moustachu (:}). Il m'a semblé approprié. Et ma foi si l'heure n'est pas venue de le réhabiliter aujourd'hui, elle ne viendra jamais. Profitons-en. Profitons aussi de la douceur en relisant l'épreuve de Doucement (!), le prochain recueil de Katia Bouchoueva reçu il y a une petite quinzaine de jours maintenant (déjà). Il doit normalement paraître début juin (où en sera-t-on début juin, les livres paraitront-ils ? mystère), à temps pour le Marché de la poésie (y aura-t-il un Marché de la poésie cette année ? mystère). Mais avec elle, on imagine déjà l'après :

Voilà le rêve :

une foule étrange : bourgeoises énervées et lascars tout tendres,

soixante-huitards, femmes de ménage, contrôleurs,

citrouilles, cailloux, brindilles, oranges, pommes,

fils à papa et jeunes filles wesh wesh --

une foule heureuse, dont une partie descend jusqu'à la Drôme,

une autre jusqu'à l'Ardèche.

 

jeudi

Si les livres numériques explosent, comme l'écrit cette fois Livres hebdo, c'est peut-être que les DRM sont dangereux et risquent de nous faire tous sauter ? C'est une blague (et ce n'est pas une blague). Ce qui est étonnant, en revanche, c'est de voir de quoi les regards pudiquement se détournent, et on en revient à nos observations du début de semaine : ce qui se vend (sic), c'est le gratuit. Les livres libres de droit, les livres en opération (comme les nôtres, par exemple, qui de fait cartonnent avec cette deuxième salve) et les livres via les comptes en bibliothèque (via PNB et non une offre respectueuse de tous, comme la nôtre, bien entendu). Donc, oui, le livre numérique explose en période de confinement. Mais on ne l'achète pas, et il ne vaut toujours pas grand chose dans l'esprit des gens. Tout le monde semble tabler sur le fait qu'après un probable retour à la normale, de nouveaux lecteurs potentiels s'ouvriront au numérique, l'ayant expérimenté pendant le confinement. Nous verrons donc plus tard. Ce qui est moins étonnant en revanche, c'est le discours qu'il y a derrière, par exemple sur les réseaux, qui flirte finalement assez bien avec mon scénario de science-fiction du livre de la semaine dernière, je vous ferais remarquer : les livres numériques cartonnent ? Merci aux grands groupes qui ont fait du livre numérique ce qu'il est à présent !

De quoi peut-être lancer un hashtag #leurslivres pour  mettre enfin sur le devant de la scène les publications des grands groupes, qui sont boudées du public et de la presse depuis trop longtemps. Soyons solidaires, quoi. Pensons un peu à eux.

 

vendredi

Avec tout ce tumulte ces dernières semaines, on en oublierait presque les affaires courantes. Philippe est en plongée dans la compta du premier trimestre. Quant à moi, je n'ai pas eu le temps de terminer mes tableaux pour les relevés de droits d'auteur. J'ai donc tout revérifié cette semaine, et j'en finis aujourd'hui. Roxane et Christine œuvrent activement à un projet secret d'écrivaine oubliée de l'histoire littéraire (rendez-vous à l'automne). Pendant ce temps, Romain travaille en environnement de test sur le connecteur à développer entre notre plateforme d'accès à distance pour les bibliothèques et une médiathèque d'une petite commune qui souhaite proposer à ses inscrits des livres numériques à télécharger depuis chez eux. Comme quoi, les livres numériques, à défaut d'exploser, peuvent trouver leur voie naturellement par le biais d'offres respectueuses de tous et accessibles aux collectivités. C'était le moment propagande commerciale du carnet de bord, mais vu que nos communications en la matière ne cessent de malencontreusement tomber dans l'oreille d'un (ou de plusieurs) sourd(s), je crains qu'il soit nécessaire d'insister. Nous le ferons.

samedi

Ce week-end, donc, nous (comprendre : Philippe et Julie, avec Antonin Crenn et Juliette Mézenc en guest star) aurions dû être à Bordeaux pour le festival Escale du livre que nous nous faisions une joie de découvrir. Ce qu'est devenue 2020 en a décidé autrement, mais ça ne veut pas dire que le festival ne peut pas se tenir dans un monde parallèle, c'est-à-dire en ligne. C'est le cas avec cette Escale du livre "en chaussons" que proposent les organisateurs. L'occasion pour nous de proposer des interventions prévues et imprévues, et de faire de ce week-end un peu morose un week-end de fête. Par exemple, en redécouvrant Alger céleste et Aujourd'hui Eurydice, ou en proposant des débats climatiques, et des performances amoureuses. Enfin, c'est l'occasion d'un petit apperçu des Présents, le prochain roman d'Antonin Crenn qu'il nous tease en lecture, depuis Montauban où il est en résidence :