Carnet de bord 2019, semaine 21 26 mai 2019 – Publié dans : Carnet de bord – Mots-clés : , , , , , , , , ,

publie.net, le feuilleton, à retrouver chaque semaine, par GV.

mardi

Il y a une bonne soixantaine de mails à rattraper, ce qui est toujours usant, alors les réponses sont laconiques des fois (des fois pas). Il faut aussi reprendre les ventes de la Comédie du livre et faire la facture, pendant un moment je chercherai inquiet une vente que je ne retrouve nulle part dans le listing du terminal mais que je suis certain d'avoir fait le premier jour, vendredi, alors j'en viens à me dire si ça se trouve mais il en manque plein ! En réalité non : c'est le seul chèque qu'on nous a fait et j'avais oublié l'avoir noté à part avec ma propre main humaine et un stylo. Tout va bien donc. Au total, pendant ces trois jours nous aurons fait l'équivalent de 700€ HT de chiffre, c'est-à-dire un peu plus que le dernier salon de L'autre livre en novembre ou que l'édition 2018 du Marché de la poésie. Il faut aussi envoyer les commandes du week-end, dont une en tarif livres et brochures, qu'on vient d'ajouter sur le site pour les livraisons hors France qui nécessite de faire la queue au guichet (plutôt que de poster le tout via les machines à affranchir), tarif qui permettra aux acheteurs de l'étranger d'éviter les frais postaux très chers pour certaines destinations (Belgique, Suisse, Canada notamment). Le catalogue du second semestre est, quant à lui, sur les rails. C'est un format semi-poche type Nouvelles de la ferraille ou L'épaisseur du trait, pas trop épais si on veut pouvoir bénéficier de tarifs postaux non-prohibitifs (dans la mesure du possible) et il nous manque pas mal de choses, c'est récurrent, je veux dire c'est quelque chose qu'on a du mal à faire, prévoir longtemps à l'avance nos parutions. Beaucoup de titres par an et des sorties régulièrement chaque mois font que c'est compliqué de trouver l'amplitude de temps nécessaire pour prévoir. Là, Roxane crée des couvertures provisoires ou semi-provisoires, parfois nous n'aurons qu'une vague idée du prix ou de la pagination. Quant à l'an prochain, certains titres se cherchent (je veux dire certains titres de certains titres) mais au fond ça n'a aucune importance car, l'an prochain, dites-vous bien que Joachim Séné va détruire Internet et alors là on sera bien. En 2018, pour la rentrée de septembre, nous avions fait un flyer et non un catalogue, pour que ce soit plus ludique (petit format dépliable sympa et coloré), mais aussi pour toucher plus de libraires (par exemple voir ci-dessous la page consacrée à Cor). Échec cuisant : le flyer a été pris pour une pub sans intérêt et jeté allègrement (oui oui, allègrement). Retour au catalogue, donc.

Parmi les titres à anticiper cet automne, le premier volet d'une intégrale Horace, dont la traduction est signée Danielle Carlès, le tout en vers bien sûr, et qui comprendra un index assez conséquent, (challenges de mise en page assez excitants à prévoir). Là, pour le catalogue, j'ai choisi un extrait des Satires que j'aime assez, le voici :

Certains me trouvent trop mordant dans la satire, outrepassant

la loi du genre et d’un autre côté on juge que sans nerf

est ce que je compose et que des vers comme les miens, on peut

en écrire à la chaîne mille dans la journée. Trébatius

que dois-je faire ? Dis ! —Arrête. —Tu veux dire, plus un seul

vers du tout ? —Oui. —Que je meure, si ce ne serait pas le mieux.

Mais je ne peux dormir. —Que par trois fois, frottés d’huile, traversent

le Tibre à la nage ceux qui ont besoin d’un sommeil profond

et à la tombée de la nuit irriguent leur corps de vin pur.

Ou bien, si tu es pris d’un tel désir d’écrire, ose chanter

les exploits de l’invincible César. Tu seras pour ta peine

bien récompensé. —J’aimerais, excellent père, mais la force

me manque.

mercredi

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jeudi

La semaine dernière, il était question du circuit (parallèle) des rencontres et lectures en librairie, comment on approvisionne le stock, comment on gère les retours de façon à éviter la mise au pilon (et les frais liés), là c'est l'autre versant possible avec une commande directement passée via Hachette sans qu'on soit au courant pour une rencontre, 20 exemplaires, et, une fois la rencontre effectuée, toujours sans qu'on soit dans la boucle, 19 retours, glups quoi. Comment trouver une solution intermédiaire qui nous permette à la fois de gérer les flux et en même temps de ne pas marcher sur la tête de qui que ce soit (à commencer par la nôtre) ? Pas le temps pour l'heure de se pencher dessus. D'ailleurs la semaine entière peut être résumée à ça, une formule : pas le temps, répétée soit à autrui soit à soi (des fois que ça change quelque chose ; non), car tout se télescope : la Comédie du livre et le Marché de la poésie (dont Roxane réalise la page et l'évènement Facebook lié, voir ci-dessus), les parutions de la rentrée et le catalogue conçu pour les annoncer, la rencontre avec Antonin Crenn à Lourdes et les Sonnets à Orphée de Rilke qui paraitront à l'automne dans une nouvelle traduction de Lionel-Édouard Martin, le tout en bilingue comme pour les Poèmes nouveaux.

D'ailleurs j'ai beau relire le texte, je ne trouve rien, ce qui ne veut pas dire bien sûr que je ne trouve rien au texte, je cherche tout simplement ce qui pourrait être repris, modifié, amélioré, corrigé, mais je ne trouve rien, donc, non pas rien en définitive, on trouve toujours quelque chose (quoi ?) mais, dans l'absolu, vraiment peu de choses, ce qui pourrait être pris comme un signal positif quelque part, ou alors se dire chouette, tout roule (ça tombe bien, je n'ai pas le temps) mais non, moi dans ce genre de cas je me dis mais alors je ne sers à rien sur ce texte et ça me chiffonne, de toute façon ces jours-ci il faut m'imaginer comme ça, chiffonné, du coup il me faudra relire dans un autre état d'esprit, ailleurs, et dans une autre temporalité, pour être sûr que ce qu'on n'a pas vu ce jour-là n'était pas juste une forme d'absence de soi. Déjeuner avec Philippe ce midi après une séance d'épluchage du courrier que j'ai ramené du siège dimanche et récupération de divers accessoires pour le Marché qui arrivera bien vite, d'ailleurs j'ai un problème sur un livre, plus qu'un en stock et était-il dans mes commandes récentes à LSF ? Non... Vite en faire une alors, on est encore dans les délais mais bon... Puis vite vite avant que la Poste ferme se dépêcher d'apporter des envois, des envois tous gratuits aujourd'hui (service de presse, épreuves, cadeau d'abonnement), espérons que les commandes reviennent bientôt, puis vite vite encore se dépêcher de renseigner le tableur pour les envois postaux du trimestre, des fois qu'on oublie. C'est aussi la course à la mise à jour côté Roxane pour déposer les ultimes corrections de notre inédit ArchéoSF L'empire savant auprès de l'imprimeur : à temps pour que nous puissions faire un retrait des précommandes, et aussi pour que Philippe Éthuin puisse avoir des exemplaires lors de sa participation au colloque "Le merveilleux scientifique en question" à la BNF début juin. Bref, sous sommes comme Rilke, là, mouvants.

Nous sommes les mouvants.

Mais le temps qui s’empresse

qu’il vous soit petitesse

dans le toujours constant.

Ce qui fait diligence

s’en va bientôt passer ;

seule la permanence

peut nous initier.

Ne mets ton cœur, garçon,

dans la rapidité ;

en vol, que veux-tu vivre ?

Tout est suspension :

le sombre et la clarté,

la fleur comme le livre.

 

vendredi

Tiens, Gabriel Franck (lisez ses livres, lisez Laques et Sanguines) a commencé un not even a diary, ici l'entrée Mandrake Modiano :

Certains jours, fréquemment, je me demande comment était la veille. Alors je saisis mon téléphone, et je regarde les photos qui y ont été enregistrées. S’il n’y en a aucune datée de la veille, je ne suis plus très sûr que la journée ait bien eu lieu. Je m’efforce de rassembler les souvenirs, je suis foutu d’aller chercher une trace de cette journée de la veille dans un extrait bancaire, un sms déjà enfoui sous la pile des messages ou des silences. Mais à quoi bon ; la plupart du temps tout était déjà dit dans les juke-boxes.

Pendant un moment je m'astreignais à faire de la veille, être vigilant à ce qui est publié quotidiennement sur le web, signaler de nouveaux textes mis en ligne ou article, c'était (c'est toujours) le hashtag #lire sur Twitter. Dans une semaine comme celle-ci (comprendre, dans le tumulte) c'est plus compliqué, mais je prends quand même plaisir à le faire, peut-être aussi (surtout) parce que ces quelques dizaines de minutes passées à chercher de nouveaux textes en ligne à lire et à les partager, au fond, ce sera ma seule activité créatrice de la journée. Ça et, précisément, le Carnet de bord. Et si j'écris à quelqu'un quelque part que je serai assez peu disponible jusqu'au milieu du mois de juin, c'est que c'est le cas. Si je complète par mais ensuite je devrais être un peu plus libre de mes mouvements, c'est que je le souhaite vivement (c'est un genre de pensée magique). À quelqu'un d'autre à un tout autre moment de la journée encore : notons que je suis passé au tutoiement dans la sidération. Et puis encore, dans un message, voilà que fait irruption le smiley ^_-, mais est-ce bien clair qu'il s'agit d'un clin d'œil ? Je veux dire, un clin d'œil plus jovial que ;) ? À bien y réfléchir, on dirait un visage double-face. Oui, ça mérite qu'on s'y penche. Mais là, les épreuves de l'édition papier d'Au canal sont arrivées, j'irai donc les poster aux auteurs pour que ça parte aujourd'hui.

Pour prévoir les prochains envois de catalogue du second semestre courant juin, je reprends un certain nombre de retour de courrier récupéré à Montpellier dimanche, principalement pour mettre à jour notre fichier des libraires. Certaines adresses sont erronées, incomplètes, ou ont tout simplement changé. D'autres concernent des librairies qui ont mis la clé sous la porte. Une vingtaine tout de même depuis que nous envoyons des catalogues. Qu'en sera-t-il en 20195, puisqu'en programmant une publication Facebook je rentre par erreur une telle temporalité ? Mystère.