Texte présenté, édité et commenté par Vincent Haegele
Un voyage extraordinaire, car c’est bien de cela qu’il s’agit : trente ans avant Jules Verne, Pierre-Marie Desmarest imagine l’épopée d’un jeune Français, prénommé Isidore, dont le projet s’inscrit plus dans la rêverie métaphysique d’un Cyrano de Bergerac découvrant la Lune que dans les grandes expéditions scientifiques décidées et financées par les États.
1815 : mis à la retraite forcée, Pierre-Marie Desmarest, ancien chef de la police politique de Napoléon Ier tue le temps à Compiègne en écrivant. Son regard de policier exercé le pousse à imaginer ce que sera la civilisation de demain, la nôtre, qu’il place dans une contrée au cœur de l’Afrique, préfigurant sans le savoir le célèbre comics Black Panther. Ainsi naît L’Empire savant, une œuvre surprenante et protéiforme, dont les degrés de lecture sont innombrables. Sans aucun équivalent pour son temps, classique dans son architecture, ce roman se révèle d’un grand modernisme, oscillant entre science-fiction visionnaire et satire sociale et politique. Desmarest surprend son lecteur par l’étendue de ses connaissances, la fraîcheur de ses remarques et la naïveté feinte de son propos, tout en poursuivant son but et son questionnement : le progrès fait-il le bonheur ? Et comment le pouvoir l’utilise-t-il ?
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Ce que les lecteurs et lectrices en disent
Incroyable ce texte, que j’ai découvert à l’occasion d’une conférence de Vincent Haegele, qui a retrouvé les fragments de ce manuscrit et les a édités dans une version commentée […] L’auteur dresse en creux une critique sociale de son époque, qu’on retrouve dans la seconde partie. La cité des sciences dresse l’inventaire de toute une série d’inventions très… contemporaines, pourtant toutes remisées au placard par les peuples car trop dangereuses… Un récit d’imaginaire qui prend le contre-pied de ce qu’on peut lire de similaire à l’époque : le progrès n’est pas une si bonne idée que ça. Très appréciable enfin cette édition, dont je ne connaissais pas la maison : la page de couverture est très belle, le texte est présenté et commenté ce qui permet de le remettre dans son contexte, et le chapitrage permet de se retrouver dans ce texte, qui ne paraît pas si lacunaire que ça à la lecture, finalement. — Lire l’article complet chez Zoé prend la plume
Pierre-Marie Desmaret eut été auteur toute sa vie, nul doute qu’il nous aurait régalé de récits fabuleux . Mais non, il ne fût que policier, et qu’il devait être dur de berner un homme doté d’une telle imagination… — Lire la chronique complète de BobbyRiot sur Babelio
Un conte philosophique écrit dans les années 1820 par Pierre-Marie Desmarest, personnage révolutionnaire puis membre de la police napoléonienne, qui raconte la découverte par un explorateur d’une civilisation bien plus avancée que l’Occident, au cœur de l’Afrique, vient d’être publié pour la première fois. Un récit inabouti mais précurseur de la science-fiction. Ça ne pouvait qu’intéresser Usbek & Rica.
La description de « l’empire savant » en lui-même n’occupe que le dernier tiers de ce court roman de 160 pages, le restant étant dévolu aux péripéties d’Isidore traversant l’Afrique, défiant le désert au sein d’une caravane jusqu’à la cour de Sultans ambitieux. Les avancées sociétales ou technologiques qu’il décrit une fois arrivé dans cette civilisation cachée sont l’occasion pour Desmarest d’entrouvrir de brèves mais très pertinentes esquisses des conséquences sociales du « progrès ». Ainsi en est-il de « l’appareil acoustique » qui précipite la gestion politique dans l’excès de transparence et le règne de l’instantanéité. Las de gouverner à vue selon les mouvements de l’opinion, le Vizir finit par remiser sa technologie au placard.
Un regard décalé qu’Usbek & Rica, enfants de Montesquieu, ne peuvent que conseiller de lire avec intérêt. — Lire l’article complet sur Usbek & Rica
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“L’empire savant » c’est Unearthed Arcana, une pépite inconnue et fragmentaire, écrite vers 1830, et découverte par hasard dans les abysses d’un fonds documentaire.
Mise en forme lisible, elle propose au lecteur de suivre le voyage d’un jeune homme épris de connaissance en route vers le centre mystérieux de l’Afrique. Il y découvrira une civilisation très avancée, un genre de proto-Wakanda qui nous alerte, deux siècles en avance, sur les risques de notre temps. Impressionnante clairvoyance ! — Quoi de neuf sur ma pile, et d’ailleurs, elle est désormais présente dans le Bifrost n°96
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À force de vraisemblance, sa description d’une société futuriste devient réaliste et étonnamment clairvoyante. Le policier a déduit ce que serait le monde occidental de demain, à compris les entraves patriarcales et religieuses des sociétés du sud de la Méditerranée et anticipe pleinement le décalage entre bonheur et technologie. — Talou61
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L’intrigue se place dans une contrée au cœur de l’Afrique, à la rencontre d’une civilisation africaine cachée dans les montagnes et ultra-avancée préfigurant sans le savoir le célèbre comics « Black Panther ». L’écrivain était sensible à la cause anti-esclavagiste durant la Révolution. « Il craignait qu’il n’arrive en Afrique la même colonisation que celle vécue en Amérique par les colons espagnols. » — Fanny Dolle, Courrier Picard
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