L'atelier de traduction de Canan Marasligil 16 avril 2013 – Publié dans : Le grand entretien, Traduire – Mots-clés : canan marasligil, interview, Meydan La Place, publie.monde, traduction, traduire, turc
Afin de mieux saisir le parcours de Canan Marasligil, traductrice des anthologies Meydan | la place, je l'ai contactée pour un entretien.
La beauté des textes et la rareté de la littérature turque contemporaine en France m'ont poussée à tenter d'en apprendre plus sur le parcours et les travaux de Canan, qui s'est révélée enthousiaste à partager son expérience, son amour du turc et ses questionnements sur son activité de traductrice.
Voici donc une visite de l'atelier intérieur de Canan Marasligil...
Parcours et détours d'une traductrice
Canan a étudié les langues et la littérature moderne (anglaise et espagnole) à Bruxelles, puis s'est spécialisée en traduction littéraire en master, à laquelle elle a consacré son mémoire. À cette occasion, elle s'était déjà plongée dans la mise en pratique de son sujet de recherche en traduisant un roman en vers, Autobiography of Red. A novel in verse d'Anne Carson.
Suite à ces études, la question du choix de la langue à traduire s'est posée, car elle ressentait également un fort attachement au turc, sa langue maternelle – ou plutôt familiale – qui ne lui a pas été enseignée mais qu'elle a reçue comme un héritage. Une langue qu'elle a d'abord connue de manière orale seulement, puis qu'elle a ensuite approfondie au moyen d'un apprentissage autodidacte : par la lecture de journaux et grâce à la découverte de la littérature turque contemporaine.
Il lui aura fallu ces années d'auto-apprentissage en parallèle de ses études traditionnelles en faculté pour avoir suffisamment confiance en sa capacité de traduire, elle qui parle couramment cinq langues : le français, la langue de l'école, des études et de sa vie en Belgique ; l'anglais et l'espagnol, le néerlandais et le turc.
Finalement, le choix et la plongée dans l'étude et la traduction de la langue turque a tenu d'un retour aux sources, d'un besoin qu'elle a ressenti comme vital. Cela a correspondu à une envie personnelle de redécouvrir par la littérature turque cette culture à une époque de recherche identitaire, où elle se cherchait entre ses différentes langues et différents mondes.
Traduire le turc en français a donc été une expérience thérapeutique, qui lui a aussi permis de se construire. Ce choix se double d'une volonté militante, presque politique car Canan a été et est toujours effrayée de voir la littérature turque si peu connue, ou du moins principalement envisagée par le biais de stéréotypes orientalistes. Elle s'étonne que la Turquie soit considérée comme un pays et donc une culture exclusivement islamiques, alors que la réalité est beaucoup plus complexe, composite. Il lui est arrivé de rencontrer des clichés souvent « à la limite de la bêtise », quand par exemple des connaissances l'interrogent : « ta mère est voilée ? », « mais tu peux faire ce que tu veux ? ».
Les racines de Meydan | la place et ses ramifications
En réaction à cet étonnement et ce fossé entre des représentations faussées et son ressenti de la réalité, un besoin de changer les perceptions sur la Turquie s'est imposé à elle. Cette ambition guide également ses choix en termes de traductions ; cela la conduit à s'aventurer au-delà de textes centrés sur le soufisme ou accrochés à l'exotisme facile des derviches tourneurs. Pour le recueil Meydan | La place, chaque texte sélectionné est pour Canan une prise de risque, « ils sont forts » (même si le ressenti de cette intensité est bien sûr l'expression d'une subjectivité de la traductrice). Chacun de ces textes la touche, elle voudrait les voir plus lus, c'est ce qui la pousse à les traduire avec l'espoir que leurs auteurs soient un jour plus traduits. D'autre part, Canan aime se confronter à la difficulté en traduction, et si ces textes sont difficiles en raison des réalités qu'ils abordent, ils le sont aussi par leur langue parfois délicate à retranscrire.
La volonté de Canan de conduire les lecteurs à s'intéresser à la littérature turque l'a motivée à panacher dans son anthologie extraits et nouvelles d'auteurs encore jamais traduits en français, avec d'autres dont certains livres sont déjà disponibles afin de ne pas laisser les lecteurs sur leur faim en leur donnant la possibilité de prolonger leur approche de la littérature turque. Pour elle, prolonger cette expérience est à l'initiative du lecteur, qui pourra alors se perdre dans le riche site web qu'elle a créé et qu'elle entretient régulièrement pour accompagner l'anthologie Meydan | la place. Sur meydanlaplace.net, Canan met en effet en ligne des lectures à haute voix des textes dans leur version originale pour donner à entendre la musicalité de la langue, ainsi que des actualités, des interviews... Elle a découvert l'interface Soundcloud récemment et cherche à l'exploiter ; ainsi elle ajoute sur le site de Meydan de la musique en écho aux voix qui racontent, entre autres choses. Ce sont bien les auteurs eux-mêmes dont on entendra la voix, ceux du moins qui se sont investis dans la mise à l'oral de leurs mots. Elle a pris contact avec tous les auteurs traduits, d'abord pour avoir leur autorisation et signer un contrat de cession de droits numériques. Elle les connaît donc tous, même si elle prend parfois ses distances quand l'entente n'est pas au rendez-vous. Certains sont aussi des amis, généreux, ils la guident vers d'autres auteurs, d'autres territoires littéraires et vont accepter d'offrir leur voix aux lecteurs-internautes.
Profiter du numérique signifie aussi jouer à y insérer d'autres genres, comme les arts visuels et sonores, ou même la bande dessinée. Ainsi, Canan rêve d'agrandir, d'ouvrir Meydan à d'autres, pour que le recueil soit plus collaboratif, d'abord parce que la tâche est grande, il y a du travail pour plusieurs, également et principalement parce qu'il y a tant d'autres goûts d'autres traducteurs à partager. Quand elle a été contactée par une traductrice à Paris, Canan n'a donc pas hésité à l'accepter au sein du second opus de Meydan. Canan reste lucide et avertit les traducteurs potentiellement intéressés que c'est pour le moment une activité de passion et qu'il n'est pas encore possible de les rémunérer au cas où ils participeraient à l'aventure. Malgré cette impossibilité liée à la situation monétaire de Publie.net, qui n'est pas encore suffisamment dotée pour payer de possibles nouveaux contributeurs, elle trouve important et nécessaire que les traducteurs parviennent à gagner leur vie dignement. C'est pour cette raison qu'elle réfléchit beaucoup à cette question. Dans son dernier billet concernant les coulisses de Meydan, elle explique au lecteur que la réussite et la durabilité du projet ne dépendent pas uniquement de leur motivation et de leur passion, à elle et à l'équipe Publie.net, mais des lecteurs. C'est très simple, il y a besoin de lecteurs qui achètent Meydan pour continuer.
Légitimité & mythe d'une langue cible : la traductrice, équilibriste entre ses langues
Selon Canan, le plus tenace des mythes de la traduction est celui qui suppose qu'on ne peut bien traduire qu'en ayant pour langue cible sa langue maternelle. Elle (s')interroge : « Déjà, qu'est-ce que c'est, qu'est-ce que ça veut dire, langue maternelle ? » Surtout pour les enfants qui grandissent entre plusieurs langues, comme elle l'a fait, ou ceux qui sont bilingues dès leur plus jeune âge à cause de parents pratiquant chacun leur propre langue.
D'ailleurs, son niveau de français a longtemps été meilleur que son niveau de turc. Elle voit comme injustes et blessants les jugements de ceux qui vont refuser à un traducteur sa capacité de traduire parce qu'il ne respecte pas le schéma le plus classique. Toute sa vie, elle l'a vécue en Belgique, y a aussi suivi ses études : à partir de là, Canan est révoltée par ces diktats sur ce qui est acceptable ou non en itinéraire de traduction.
En écho avec le problème de sa légitimité à traduire du turc au français, l'une des auteurs de l'anthologie a au contraire apprécié la trajectoire particulière de Canan en traduction, car elle considérait que Canan ressentait ainsi différemment le texte, y puisait une émotion qu'un traducteur dont la langue maternelle ne serait pas le turc n'aurait pas forcément saisie.
Nombreux sont les textes qu'elle n'oserait pas traduire en français, tout comme elle n'aurait pas pu traduire Meydan en anglais : certes, il lui manque des outils linguistiques, mais cette impossibilité se joue surtout au niveau émotionnel. Maîtriser aussi bien le français que le turc constitue parfois un obstacle, car Canan reste alors trop fidèle au texte. C'est pour cela que travailler avec Christine Jeanney, correctrice pour Publie.net qui a étroitement collaboré à l'élaboration de Meydan et ne parle pas du tout turc, est important : son regard d'écrivaine de langue française relève les trop grands décalages, les expressions qui ne fonctionnent pas, un recul qui est nécessaire à Canan.
Parallèlement à ce besoin d'un(e) critique extérieur(e), Canan aime beaucoup analyser le choix des autres, découvrir d'autres travaux de traduction ; elle sait que sa traduction sera toujours différente de celle d'un autre, que l'on garde l'essence d'un texte en apportant des choix découlant de sa culture, sa vision du monde, ses émotions... La connaissance de l’environnement du texte d'origine va donc aussi jouer, car on traduit une culture en même temps que l'on traduit un texte, ce que dit de façon limpide Umberto Eco dans Dire presque la même chose avec d'autres mots. Pour lui, en effet, traduire revient à « comprendre le système intérieur d’une langue et la structure d’un texte donné dans cette langue, et construire un double du système textuel, qui […] puisse produire des effets analogues chez le lecteur ».
Techniquement, elle pourrait traduire des textes qu'elle n'aime pas, mais comme elle a d'autres gagne-pain, c'est surtout un plaisir et presque une mission pour elle ; elle n'est également pas sûre qu'elle pourrait réellement travailler en littérature sur des textes qu'elle n'apprécie pas, toujours à cause de la relation presque de l'ordre de l'intime qu'elle entretient avec son activité de traductrice.
La rencontre avec Publie.net comme catalyseur éditorial
Canan raconte ensuite comment a abouti Meydan | la place, reconstituant la façon très concrète dont la traduction s'est faite vectrice de rencontres humaines. Elle s'est intéressée à Publie.net en lisant le blog de Virginie Clayssen, qu'elle a d'abord rencontré via la fréquentation du blog de Pierre Assouline. Elle avait commencé à traduire des textes depuis sept ou huit ans, en avait envoyé des extraits à des éditeurs mais ils lui répondaient toujours que c'était « intéressant, mais invendable ».
Elle s'est lancée et a écrit à François Bon en lui proposant son projet de traduction en voyant Publie.net se construire, même si la réponse ne fut pas positive : Publie.net en était alors à ses débuts. Plus tard, en apprenant que François Bon intervenait lors d'une conférence belge à laquelle elle assistait, elle a osé aller à sa rencontre pour lui reparler de ses traductions. Cette fois, l'échange a été fructueux et François Bon lui a proposé de partir sur le format d'une anthologie. Surtout, lui ne lui a pas dit : « De quel droit tu écris en français ? » Ce fut la première étape de création de l'équipe Publie.net. Ensuite, Christine Jeanney apportera son expertise de correctrice et Roxane Lecomte, celle du design de livre numérique pour que la forme de l'anthologie soit à la hauteur de son contenu. Ce travail en trio s'est concrétisé lors de la parution de Meydan et se recrée à l'occasion de la création de la seconde anthologie Meydan | la place.
Son contrat avec Publie.net la met dans une position d'auteur et elle cherche d'abord à faire exister Meydan | la place avant d'en tirer un profit financier. C'est son lectorat qui la pousse à continuer : même s'il ne compte qu'une centaine de lecteurs, il existe et alors que le marché du livre numérique est en voie de développement, il est important pour Canan d'offrir de bons textes pour construire une relation de confiance avec les lecteurs.
Aperçus de la relation intime nouée entre texte et traductrice
Quand Canan ne peut plus traduire, qu'un mot, une expression lui résiste sans relâche, c'est douloureux. « Je le sais en turc », mais le sens refuse de se laisser traduire ; elle n'abandonne que très rarement. Il y a des expressions, des idiomes qui sont impossibles à retranscrire tant ils s'inscrivent dans une pratique culturelle qui fonde leur substance, comme kolay gelsin, qui signifie littéralement « que votre tâche vous soit facile », des mots que l'on lance par exemple aux éboueurs, à des inconnus qui travaillent lorsqu'on les croise. Des mots d'autant plus délicats qu'ils sont une clef de cette culture, une clef qui va en dire beaucoup sur le personnage qui les prononce, la situation décrite.
Le choix des textes, on l'a vu, était un travail conscient et elle a accordée une grande importance à la façon dont les auteurs maniaient leurs langues. Le texte Ali et Ramadan est court, mais ont une langue très dure à traduire, et ajouter une version audio de leur lecture en turc permet de retranscrire leurs sonorités particulières. Ce qu'elle a aussi essayé de faire dans sa traduction, où elle a manipulé les sonorités et les voyelles, sans rendre non plus le texte burlesque malgré la gravité du contenu. Le texte sur le tremblement de terre jette, lui, une lumière sur un thème pas assez mis en avant, un traumatisme dans l'inconscient des gens qui a marqué la Turquie.
Canan déteste les notes de bas de page, car elles rappellent que le lecteur lit une traduction et coupent le confort de lecture, brisent la fluidité de celle-ci. Elle considère qu'en tant que traductrice, plutôt que de justifier ou d'expliquer sa traduction en sortant le lecteur du monde qu'il découvre avec une note intempestive, elle se doit de jouer avec le texte pour aider le lecteur à comprendre un mot intraduisible qu'elle a dû laisser en turc dans un texte français. Par exemple, un simit est une sorte de bagel turc, de pain au sésame. Elle peut traduire par un équivalent en français (bagel...), ou ajouter un adjectif explicatif (« un simit appétissant ») pour garder la connotation particulière du mot simit. La note est donc trop risquée selon Canan, elle préférera toujours se cacher derrière la voix de l'auteur au lieu d'imposer la sienne en bas de page. De plus, elle ne veut pas prendre le lecteur pour un imbécile, et s'il est curieux d'en apprendre plus, il peut également chercher par lui-même. Elle fait confiance à la curiosité de celui-ci mais s'il a eu assez d'émotion par la seule lecture du texte sans désirer la prolonger par des recherches, « c'est tant mieux, ce n'est pas [son] but de faire un cours sur l'histoire de la Turquie ». Elle tend à ce que chacun s'immerge dans une histoire étrangère, comme au cinéma devant un film étranger, grâce à l'histoire et aux personnages qui deviennent pour le lecteur des êtres humains potentiels.
Canan a toujours eu besoin d'un second regard ; pour elle, le traducteur solitaire est un mythe. Même lorsque l'on traduit de sa propre langue, et peut-être même plus encore, cet avis extérieur est nécessaire, car l'on crée alors un texte parfois trop proche de la langue originale qui devra être corrigé. Le questionnement des choix du traducteur par son relecteur est donc essentiel. Elle vient de traduire pour un No City Guide sur Istanbul une théoricienne turque complexe et a besoin du retour transparent et sans détour de son directeur d'ouvrage. Il lui arrive d'indiquer « j'ai fait ça comme ça, mais je ne suis pas sûre », ou plus souvent de laisser l'avis du relecteur se forger sans aide, afin d'éviter les biais.
Du statut de la traductrice et de ses autres rôles
La place du traducteur change d'un pays à l'autre : elle ne gagne que « trois fois rien, quelques cacahuètes » en Turquie où elle traduit des bandes dessinées, car l'éditeur pour qui elle travaille est un indépendant qui n'a pas les moyens de la rétribuer correctement. C'est un choix personnel, donc, car elle gagne sa vie par ailleurs, mais elle a constaté que les salaires français étaient plus avantageux. On peut trouver sur le site des Transeuropéennes un document synthétique et fouillé sur la situation de la traduction dans la région euro-méditerranéenne pour y constater les disparités des rémunérations entre nations. Canan, pour son anthologie avec Publie.net, a eu carte blanche et un contrat signé en bonne et due forme (ce qui n'est pas toujours le cas), avec une rétribution à hauteur des ventes. Les conditions de travail en Belgique sont assez similaires à celles de la France.
Canan aime passer d'une langue à une autre, en fonction de ses projets ; un album jeunesse, une bande dessinée... la traduction est pour elle comme un jeu entre ses langues.
En Angleterre la littérature traduite ne représente que trois pour cent des œuvres publiées : il est donc compliqué d'y travailler, même si cela change doucement. Canan y est invitée en résidence pour l'année 2013, avec un projet centré sur la Turquie, la littérature et la liberté d'expression. Elle se consacrera non pas exclusivement à la traduction mais plus particulièrement à la médiation et à l'animation, entre autres en invitant des auteurs turcs pour qu'ils échangent avec les lecteurs, afin de recueillir les avis et envies de chacun. Hors de la page, elle aimerait également faire se rencontrer d'autres traducteurs qui partagent les mêmes doutes tout en les sortant (et se sortant elle aussi) de « [leurs] petites boîtes ». Canan souhaiterait que cette expérience ait aussi lieu entre la France et la Turquie, par exemple en organisant une simple correspondance sur des thèmes différents, un échange entre traducteurs ou auteurs qui pourrait être publié ou prolongé par une rencontre avec un public intéressé afin d'ouvrir le débat. Une expérience qui en tout cas offrirait plus qu'une activité classique de promotion d'un livre. Un face à face auteur – traducteur pourrait aussi être intéressant, mais Canan est consciente qu'il demanderait générosité et capacité de transparence aux deux parties. Elle se demande également à quoi sert la présence de la Turquie lors de salons comme celui de Francfort quand l'argent investi pour l'occasion ne fait naître que peu d'initiatives durables et n'aide pas à la reconnaissance de la littérature turque sur le long terme, en l'éclairant seulement sporadiquement et superficiellement.
Langues non-dominantes : le déficit de traduction, signe d'un malaise socio-culturel
Pour elle, la place du turc en Belgique et aux Pays-Bas est choquante par sa minoration quand une population immigrée aussi nombreuse le parle : un tel déni de cette culture est dérangeant et problématique. Elle constate que le même schéma existe aussi en France, avec les populations d'origine marocaine ou algérienne, qui elles aussi voient leurs langues très peu enseignées et traduites. « On n'entend pas les histoires de ces gens-là. On ne les écoute pas. » Un problème qui interroge aussi pour Canan un trouble élitisme en littérature doublé de frilosités marketing. Ce qui mène donc les éditeurs à lui demander « et ça intéresse qui ? ». C'est donc à la source même que cela bloque, mais des éditeurs moins frileux permettent l'existence de ces textes « qui sont là pour durer ». Le travail de certaines bibliothèques est encore un autre moyen de faire connaître et faire lire, l'Astrolabe de Melun par exemple avait fait découvrir des auteurs turcs et avait valorisé dans ce cadre Meydan | la place. Canan attend que d'autres projets et d'autres contrats se concrétisent afin d'avoir « assez de matériaux » pour partir à la rencontre de ses lecteurs.
L'écriture comme mise à nu (la traduction comme travestissement ?)
Canan a commencé à écrire avant de traduire, elle a « des textes plein ses tiroirs, dont de très mauvais ». Elle a appris et apprend encore à écrire en traduisant, en découvrant des styles et des auteurs. Traduire, c'est pour elle parler avec la voix de quelqu'un d'autre, et elle commence finalement, après dix ans de traduction, à trouver la sienne. Le temps nécessaire pour se mettre à nu, écrire veut aussi dire pour elle que « tout le monde va voir à travers moi, après que je me sois cachée derrière les autres ». Beaucoup plus difficile que la traduction, l'écriture lui demande de chercher au fond d'elle-même. « Mais il faut continuer à travailler. »
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Retrouver Canan Marasligil sur différents espaces web
Son site professionnel, son blog, espace de réflexion sur ses travaux et la traduction, le site web consacré à Meydan | la place, son compte Twitter, son compte Twitter, où elle partage ses découvertes et l'avancée de ses travaux, @Ayserin.
Sur Publie.net : Meydan | la place 1 & Meydan | la place 2 – le premier ouvrage personnel de Cacan Marasligil, Il y avait quelqu'un il y avait personne.
[divider style="dotted" height="40px" ]D'autres travaux de traductions qui se construisent avec le web
Guillaume Vissac qui traduit un morceau chaque jour de l'Ulysse de James Joyce sur Fuir est une pulsion.
Christine Jeanney, qui tient le journal de bord de sa traduction des Vagues de Virginia Woolf et a retraduit Le portrait de Dorian Gray d'Oscar Wilde chez Publie.net.
Danielle Carlès s'est emparée de l'Énéide de Virgile sur Fonsbandusiae. Sa retraduction des Satires d'Horace, parue chez Publie.net, mêle quatre niveaux de lecture : le texte latin original, sa traduction, ses notes techniques, ses notes critiques et historiques sur cette traduction, et son propre commentaire littéraire, philologique et libre.
Crédits : portrait de Canan Marasligil tiré du site FreeWord et Eminönü, Février 2013, photographie de Canan Marasligil
2 Commentaires
Traduire : un exercice d’équilibriste — Entretien avec Jean-Yves Cotté | publie.net | le blog janvier 09, 2014 - 09:15
[…] sur les récits venus d’ailleurs et dont le volet de traduction est principalement assuré par Canan Marasligil (Turquie), Michel Volkovitch (Grèce) et François Bon — et cela va se développer, bien sûr —, mais […]
Traduire : un exercice d’équilibriste — Entretien avec Jean-Yves Cotté avril 24, 2015 - 18:17
[…] sur les récits venus d’ailleurs et dont le volet de traduction est principalement assuré par Canan Marasligil (Turquie), Michel Volkovitch (Grèce) et François Bon — et cela va se développer, bien sûr —, mais […]