Chères et chers ami·e·s,
Notre participation au prochain Salon du Livre (Livre Paris) est malheureusement compromise, pour les raisons que vous savez sans doute déjà (tâcher de ne pas propager des miasmes pandémiques à nos lecteurs et trices dans des espaces confinés). Bon, nous ne participons jamais à Livre Paris et cette année ne devait pas faire exception, mais disons que cette fois notre aptitude à ne pas prendre part à ce salon est tellement prononcée que l'ensemble de la manifestation a été elle-même annulée. Nous en sommes les premiers surpris, tant l'influence que nous pouvons exercer sur le monde et les salons nous était inconnue. Là où ça se corse, c'est dans l'optique où cela se propagerait aussi à des salons ou rencontres où nous souhaitons bien participer... L'agenda proposé un peu plus bas dans cette lettre doit donc être pris avec des pincettes, voire des gants en latex.
Que faire alors en mars qui n'implique pas d'être confiné où que ce soit, ou en situation de contact dangereux avec quiconque ? Pour commencer, fermer les fils d'actualité post-apocalyptiques (ou pré-post-pandémiques) et faire un pas de côté par rapport aux discours du désastre. Se choisir mentalement un lieu à soi, par exemple une ville, à découvrir, redécouvrir, à traverser de part en part. De préférence, des profondeurs vers la surface. Une fois qu'elle a été bien arpentée, pratiquée, éprouvée, que vous vous en êtes épris (ou vice versa), fuyez la sans attendre et sevrez-vous d'elle. Dessoûlez, quoi. Allez-vous en, allez-vous en loin. Ensuite, prenez de la hauteur. Ou bien le large. La poudre d'escampette peut aussi être une option. Voyez le monde à distance. Sillonnez en les routes, outrepassez ses frontières (quand elles ne sont pas fermées pour cause, précisément, de confinement). Faites une pause. Buvez un coup (avec modération). Restaurez-vous. Mangez du camembert. Pardon ? Vous avez bien lu. Vous avez bien lu, mais avez-vous conscience de ce qu'il y a dans votre assiette ? Comment est-il conçu et fabriqué, ce morceau de fromage, totem de la gastronomie française semble-t-il (pour une raison qui nous échappe un peu, on ne va pas se le cacher) ? Qui l'a moulé, démoulé, pasteurisé, transporté, étiqueté, distribué, commercialisé, vendu et où ? Dans quelles conditions ?
À ce stade de notre histoire (normalement), vous ne tenez déjà plus. Il vous faut vous enivrer des villes soûles (nouveau livre de Christophe Grossi qui paraît aujourd'hui même), il vous faut vous en aller vous en aller, et c'est mieux pour tout le monde (réédition de son précédent livre dans un nouveau format disponible également), comme il vous faut goûter et sonder les délices (et les souffrances) des étés camembert (nouveau récit de Daniel Bourrion, illustré par Roxane Lecomte, à paraître le 25 mars) voire même, soyons fous, il vous faut vous abonner pour découvrir dès à présent nos futurs livres en avant-première (privilège ultime des abonnés) sur notre site.
Quoi que vous choisissiez, dites-vous que ce sera là l'occasion de faire l'économie d'un supermarché du livres en quarantaine et de vous confiner (ou bien, qui sait, vous confire) dans des lectures plus saines,
Bons baisers pasteurisés, avec ou sans masque,
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