Carnet de bord 2019, semaine 24 16 juin 2019 – Publié dans : Carnet de bord – Mots-clés : , , , , , , , , , , , , , ,

publie.net, le feuilleton, à retrouver chaque semaine, par GV.

lundi

Cette fois  ça y est, Ambiance garantie est déposé chez l'imprimeur, le titre passera bientôt en production, de quoi en faire imprimer des épreuves et des exemplaires pour la presse. Et voici à quoi il ressemblera :

mardi

Six heures du matin n'est pas exactement une heure où je retrouverais habituellement Antonin Crenn Gare Montparnasse mais là oui. Il fait la queue pour un café et, bon autant dire les choses honnêtement ici, on est moyennement frais. Le train part dans une demi heure et sur le quai surprise : une horde d'élèves d'école du primaire en plein voyage scolaire. On les voit attendre en rang par deux avec chacun un badge autour du cou et c'est un peu comme l'aileron de requin dans Les dents de la mer cette histoire : on les voit se mouvoir sur le quai en nous demandant s'ils vont finir par embarquer dans notre wagon ou non (finalement non). Nous, nous allons à Lourdes. Et en fait eux aussi pour (on le suppose) un pèlerinage. Julie, qui nous accueillera avec Stéphane dans leur librairie nous a annoncé un temps apocalyptique là-bas : les nuages tourmentés de Saint Sulpice l'ont suivie jusqu'ici il faut croire. On a quand même pu traverser la ville, voir la grotte, trouver la librairie, le tout en évitant au mieux les averses. Grâce au sens inné de l'orientation (et du plan) d'Antonin (qui a lui aussi rendu compte de cette belle journée sur son site), on ne se perd pas. Aucune apparition miraculeuse à signaler durant notre parcours. Non, le miracle se produira le soir même, à la librairie Le Square donc, devant la rencontre croisée qui nous est consacrée et qu'animera précisément Julie (car Julie qui travaille avec nous depuis quelque temps maintenant comme relation libraire est aussi libraire elle-même, avec Stéphane donc, Stéphane qui nous mitraillera au fil de la rencontre et à qui l'on doit ces photos). Pourquoi un miracle ? Parce que certaines des personnes présentes dans l'assemblée ont déjà lu nos livres et c'est un dialogue à plusieurs voix qui s'ouvre en réalité, avec Julie comme maîtresse de cérémonie qui nous oriente dans les thèmes que nous traversons, et qui trouvera des points de convergence et de chevauchement entre nos livres. Quelqu'un : l'écriture [de L'épaisseur du trait] est si douce, ça fait du bien un récit sans violence... Même à l'hôtel, l'un des gérants est un lecteur publie.net de la première heure et connait même des trucs obscurs comme (je cite de mémoire) Qu'est-ce qu'un logement ou Livre des peurs primairesC'est très décontracté, il y a de beaux moments de lecture, on y parle même de création web et (bien sûr) d'ultra contemporain. Autour d'un verre pour poursuivre les échanges, une lectrice : vous êtes deux auteurs importants dans mon parcours de lecture. Wow. C'est donc très touchant pour nous, et c'est émus que nous signons des livres, que nous profitons de ces instants, des uns et des autres, et de la librairie, qui a juste un fond hallucinant. Par exemple, je me souviens qu'à une certaine époque, longtemps avant notre ère, il y a eu des textes d'Onuma Nemon sur publie.net. Ici, on trouve les deux ouvrages monstrueux que sont Quartiers de ON ! (Verticales) et États du monde (Mettray). Ou encore le premier B.S. Johnson chez Quidam (sous-titré une comédie gériatrique). Ou le Don Quichotte de Kathy Acker. Et combien d'autres encore ? (je n'ai pas compté). On fait donc des découvertes, on s'échange des conseils de lecture. Puis, il sera l'heure de refaire le monde (littéraire mais pas que) au restaurant pas loin. Et littéralement on ne voit pas le temps passer.

mercredi

Il nous faudra, avec Antonin, un certain temps à tenter d'atterrir. D'atterrir non d'où mais de quand, donc d'hier. Pour ça, on cherchera à nous élever pour avoir une vue de la ville. À la librairie où nous sommes passés, Stéphane nous parle des ours. Pensée à Sébastien Ménard et Mahigan Lepage qui ont écrit sur eux. Là, on n'en voit pas. Peut-être car nous ne les avons pas cherchés ? C'est sans doute ça. De retour à la librairie après cette petite escapade dans les bois, quelqu'un présent dans le public hier achète un autre Épaisseur du trait à offrir et qu'Antonin pourra signer avant notre départ en début d'après-midi. Et l'heure est venue, dans le train du retour, d'écrire avec un vrai stylo et une vraie main humaine ce Carnet de bord d'hier et d'aujourd'hui pendant que le nuage de Saint Sulpice, sans qu'on en prenne encore conscience, nous rattrape.

 

jeudi

Une centaine de mails en retard à remonter (comme on dirait d'une rivière qu'elle est remontée par combien de saumons pour aller pondre) et, bon, autant le dire tout de suite, malgré mes illusions premières, certains vont rester sur le carreau. Il est l'heure également de reprendre Paysage augmenté car la postface d'Alexandre Chollier vient de nous parvenir (le moins qu'on puisse en dire c'est qu'elle ouvre des horizons), d'ailleurs je ne résiste pas à la tentation d'en partager un court extrait ici :

Devant un territoire qui se méfie et se défie des bornes, en face d’un territoire qui s’illimite dans toutes les directions à la fois, que faire sinon trouver sa place et fixer un « point de départ » qui soit davantage qu’un point de vue ? Que faire sinon partir ensuite à sa rencontre et – par là – se rencontrer soi-même ?

Ce sera l'occasion de relire le texte encore, et, comme toujours quand je le lis, d'entendre en réalité la voix de Virginie Gautier qui me le lirait pour moi seul (c'est mieux qu'un livre augmenté cette histoire). Ultimes retouches sur le texte de présentation pour que ce soit le plus clair possible, notamment dans l'agencement des images et du texte, mais aussi dans la construction des collages de Mathilde Roux. Roxane nous envoie donc une V6 puis une V7, et commence en parallèle à mettre en page Horace (non lui directement mais son œuvre intégrale, le premier tome du moins, traduit ici par Danielle Carlès), avec ici trois directions possibles :

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Il faut aussi que je fasse la facture des ventes du marché de la poésie, mais il y a comme qui dirait un truc chelou (c'est ce que j'écris dans mon mail à Philippe : il y a un truc chelou), une vente absente présente, qui est bien là mais dont nous n'avons pas reçu le versement. C'était une vente sur le terminal de paiement avec une carte de crédit semble-t-il étrangère et un règlement sans code mais avec signature sur l'écran du téléphone (ce qu'on ne fait pas de nos jours, le futur ce n'est pas seulement des trottinettes électriques devenues berserk dans les rues des villes de France). Ça m'est aussi arrivé à Montpellier (de faire signer quelqu'un sur l'écran du tel) mais je n'avais pas, alors, remarqué de décalage dans le temps. Peut-être qu'ici c'est plus long ? En fait ça tombera un peu plus tard que les autres pendant le week-end, RAS donc.

 

vendredi

Et voilà, Le peuple est là. Non pas le peuple en lui-même mais Le peuple de Michelet (ce qui est, en soi, un bon début). Parution numérique aujourd'hui après quelques semaines à le voir passer dans le Carnet de bord (et aussi dans nos cœurs). Quelques manuscrits en retard ces derniers jours, notamment pendant les deux fois cinq heures de train pour (et en retour de) Lourdes. Je prends des notes dans un carnet à part, rarement sur les fichiers eux-mêmes, qu'il faudra ensuite reporter dans notre application de gestion de projet cabine de téléphone rouge. Florilège : il faudrait écrémer beaucoup. Ça part dans tous les sens. Vraiment brutal. Il y a des moments drôles. Telle partie est vertigineuse à la fois dans le bon et le mauvais sens du terme (savoir ce que ça veut dire). C'est intéressant mais. Etc. À un moment donné, une centrale d'abonnements avec qui nous travaillons pour notre offre aux bibliothèques et collectivités m'annonce que le numéro 2167 d'une revue de géométrie est annoncé manquant et qu'il faudrait y remédier. Mais nous ne publions pas de revue de géométrie (et pourtant elles existent), quant à la possibilité qu'on publie un jour quoi que ce soit qui aille jusqu'au numéro 2167, c'est quand même improbable. J'apprendrai tout de même après coup que ladite revue existe depuis 1847 alors on a bon dos avec nos dix ans (maintenant onze). Imaginons un moment publie.net en 1847. Ça marcherait à la vapeur. Ce serait doux. Oui mais alors déjà on viendrait nous bassiner avec l'odeur du papier, à coup sûr. L'odeur de la vapeur, c'est bien aussi.