[NOUVEAUTÉ] Poèmes nouveaux : partie II, de Rainer Maria Rilke, traduction de Lionel-Édouard Martin — édition bilingue 3 avril 2019 – Publié dans : Notre actualité – Mots-clés : , , , ,

Après un premier tome il y a quelques mois, et en attendant les Sonnets à Orphée prévus pour l'automne prochain, nous poursuivons notre exploration des Poèmes nouveaux de Rilke avec ce second tome, toujours dans une édition bilingue soignée, le tout dans une nouvelle traduction de Lionel-Édouard Martin.

Extrait de la préface au tome 1, par Lionel-Édouard Martin

Quand Rilke compose ses Poèmes nouveaux, au tout début du XXe siècle, il approche de la trentaine, et s’il voyage toujours beaucoup, il a fait de Paris son lieu principal de résidence, dans un contexte littéraire en pleine évolution qu’il ne semble – curieusement – guère percevoir, ou qui, à tout le moins, ne semble guère influencer son écriture.

Si ses poèmes d’alors rompent avec ceux de sa jeunesse (même s’il existe des continuités manifestes avec, par exemple, certains textes du Livre des images [1899]), au point que l’adjectif « nouveau » s’impose à son éditeur pour les qualifier et leur donner un titre, ce n’est pas tant sur le plan de la forme : tandis que la poésie (je pense par exemple à celle de Valery Larbaud et à ce qui est en germe chez un Max Jacob et d’autres) continue de connaître en France de profonds bouleversements qui vont bien en-deçà des manipulations des symbolistes et autres décadents, Rilke s’en tient pour sa part peu ou prou à la métrique allemande traditionnelle, occasionnellement au sonnet, à la comparaison bien plus qu’à la plus sauvage métaphore.

Qu’est-ce donc alors qui fonde cette « nouveauté », qui n’est pas celle encore des recueils (Les Sonnets à Orphée, Les Élégies de Duino) de la haute maturité, d’une magistrale composition en suites d’une parfaite cohérence formelle et thématique ? Sans doute se manifeste-t-elle surtout dans le regard que Rilke, désormais, porte sur le monde et les choses : qu’il décharge de toute intensité subjective pour en faire (dans certains poèmes caractéristiques, mais toutefois pas dans tous) un instrument d’exploration du réel et d’investigation de la beauté. Fini, donc, le « je » (ou, quand il y a « je », ce n’est jamais Rilke qui s’exprime, c’est celui d’autres qu’il fait parler), l’exaltation de la nature, l’exploration de l’âme en ses tribulations : le poète se veut impersonnel et pénétrer ce qu’il observe, de quoi qu’il s’agisse, à la manière de l’homme de science ou du grand artiste et avec les moyens dont il dispose, soit le langage et une sensibilité (ou perspicacité) non commune (celle du poète inspiré, du « vates ») qui lui fait pressentir et ressentir, sous la surface des choses et leur circonscription dans un espace, des profondeurs et des ampleurs qu’il lui revient de révéler – c’est sa façon personnelle d’être voyant : passer du voir au dire, apprendre à voir pour restituer par le poème, métamorphoser la chose banale en une chose poétique.

 

Était-il, cet élan, dans l’auto qui virait ?
Ou bien dans le regard, où l’on prit et retint,
pour les perdre à nouveau, les baroques figures
d’anges qui se dressaient, parmi les campanules,

dans la prairie, emplies de souvenirs, avant
que le parc du château n’encerclât, clos, la course,
et qu’il ne la frôlât, qu’il ne la recouvrît,
la relâchant soudain : le portail était là,

qui, comme s’il l’avait appelé, désormais
contraignait à tourner le long front du bâti,
après quoi l’on stoppa. Éclat d’un glissement

sur la porte vitrée ; et par son ouverture
jaillit un lévrier, qui porta ses flancs creux,
comme il en descendait, contre le plat des marches.

Ce sont ces « poèmes de l’œil », de l’œil posé sur les choses et les paysages, sur les monuments, sur les scènes d’intérieur, sur tout ce qui fait le monde sensible, que nous souhaitons [re]faire découvrir au lecteur français, dans une édition bilingue (actuellement la seule disponible sur le marché éditorial) et dans une traduction nouvelle qui cherche à rendre, avec toutes les difficultés de l’entreprise, la beauté du texte original.

 

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256 pages
ISBN papier 978-2-37177-577-0
ISBN numérique 978-2-37177-211-3
21,50€ / 5,99€

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