Le gigantesque Quart Livre, avec les moutons de Panurge (qui n'ont jamais été les siens, d'ailleurs!), la fameuse tempête, les paroles gelées, la grand combat entre andouilles et boudins, le dieu Gaster et ce qui est probablement le plus long mot de la langue française (morcrocassebezassevezassegrigueliguoscopapopondrillé dites-vous ? non : morrambouzevezengouzequoquemorguatasacbacguevezinemaffressé c'est bien mieux).
Le français ancien est une langue étrangère qu'on sait d'avance, disait Valéry. C'est sans doute vrai pour le Pantagruel et le Gargantua. Mais le Quart Livre, une fois acclimaté aux graphies (ça vient très vite), vous verrez : le français d'aujourd'hui est quasiment inventé.
Et Rabelais mime tout pour nous. Toujours se souvenir que lson public (lire, pour eux, c'est à voix haute: lecteur celui qui lit pour les autres) n'a connaissance que de sa langue régionale. Vous ne comprenez pas phare, néologisme dérivé du grec pharos? Rabelais vous dira : haulte tour sur le rivaige de mer, esquelles on allume une lanterne on temps de tempeste, comme povez-voir à la Rochelle ou Aigues-Mortes... Alors laissez faire la musique, laissez faire ce grand charroi obscur.
Rabelais paraît-il est allé résider à Saint-Malo chez le pilote de Jacques Cartier, avant de s'embarquer dans son Quart Livre. Les navigateurs cherchent à tourner le pôle par le nord-ouest. Mais chaque île qu'ils croisent est un monde qui permet la satire de celui qu'on a quitté. L'île des Chiquanous, l'île où on achète licorne et caméléon, l'île des vents.... Et cette étrange île livrée à famine et misère, où un laboureur rusé (non, son épouse) aura raison d'un diable trop affamé...
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