J’aimerais ne plus me souvenir de tant de choses.
Perec s'est inspiré du I remember de Joe Brainard pour écrire son Je me souviens. Lequel Je me souviens a inspiré à son tour d'autres tentatives d'appréhender, de façon fragmentaire, le spectre de la mémoire. Tout change, rien ne change, et au bout du compte on finit toujours par se souvenir, ou ne plus se souvenir. C'est l'objet du récit de Philippe De Jonckheere. Recensant non pas ce qu'il a gardé en mémoire de sa vie mais ce qui le fuit, il construit sous la forme d'un puits sans fond (celui de l'âme humaine ?) un portrait en aveugle de ce qui lui a tourné autour. Car si le centre passe son temps à nous échapper dans cette cascade de l'oubli, sa périphérie est partout, faisant de l'écriture une machine à descendre en soi-même comme en l'autre. Aussi généreux dans l'humour que dans la mélancolie propre à qui se replonge dans un passé qui lui manque, Je ne me souviens plus fait partie de ces lectures de l'intime qui nous retournent en même temps qu'elles nous élèvent.
Scandé par le « Je ne me souviens plus », le texte balance entre le léger et le profond, selon un rythme agréable à lire. Un exercice de style pour interroger la mémoire.
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