Ce roman pourrait, comme le site de l’auteur, s’appeler Fuir est une pulsion. Histoire d’un corps adolescent mutilé. Héros narrateur qui parle d’un membre manquant, main droite cramée, explosée, main fantôme, cartilage palpitant, douleur de l’invisible. Phénomène de « désafférentation ». Il se raconte, jour J et suivants, fuyant la maison, errant dans la ville, (sa) voix off, cut up dans le crâne. « J’étais à deux doigts de tirer la languette Flamby. À deux doigts d’ouvrir l’envers du monde... » Déambulation hyperréaliste sous le soleil. Il rencontre d’autres corps et X aux cheveux bleus, le monstre de son enfance. À J + ?, SDF, il arpente la gare, malade, affamé, dégueu. Peut-être prend-il le train, à la poursuite de sa main perdue, à la poursuite de X ? Le roman se termine trois fois. À la troisième fin, comme sa main perdue, il souffre et sent, absent présent. « Quand on sait pas où sont les trucs qu’on a perdus, on se dit que partout peut se trouver la réponse. »
Lucien Suel, Libération
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