[NOUVEAUTÉ] La Saga de Mô : Malika, de Michel Torres 15 mai 2019 – Publié dans : Notre actualité – Mots-clés : , ,

L'aventure continue : la Saga de Mô s'est terminée il y a un an dans un final haletant (si vous ne l'avez pas déjà fait, allez donc lire Malaïgue, c'est une expérience en soi) mais ça ne veut pas dire qu'on ne peut pas revenir en arrière dans le temps. Par exemple entre le troisième et le quatrième tome de la Saga. C'est ici que Michel Torres campe le décor de son Malika, un tome supplémentaire qui vient compléter une série qui n'avait pas raconté toutes ses histoires. Par exemple, celle du retour d'Aristide.

Aristide, souvenez-vous, on l'a découvert enfant dans La Meneuse, le tout premier, puis adulte dans le suivant, qui porte tout de même son nom. Alors quoi ? Depuis, que lui est-il arrivé ? Et Malika, qui est ici au cœur de toute l'intrigue ? Réponses, au pluriel, dans ce nouveau roman qui, sans faire de concession au style unique de la Saga, fait une synthèse de toutes les différentes nuances qui l'ont, au fil des années, composée.

Un revenant, Jean Valjean au début des Misérables. Il cheminait, un sac de marin sur le dos et je n’ai pas eu le moindre doute : c’était mon Aristide. Il lui avait fallu des années avant de se repointer à la cabane, une éternité sans nouvelles, et à cet instant j’étais incapable de présumer si ce retour serait un mal ou un bien.

En l’espace de six tomes d’une Saga hors normes, Mô a vécu une vie entière de magouilles et de mystères, de road-movies en odyssées mystiques, de plongées en eaux troubles en luttes acharnées contre le crime organisé. Il est resté libre de bout en bout, libre dans sa tête. Mais il est une histoire que la Saga n’a pas encore racontée. Elle se situe entre le troisième et le quatrième tome : Aristide est de retour. Seul ? Non, le fantôme de Malika le travaille. Qu’est-elle devenue, Malika, et pourquoi Mô, d’ordinaire si bavard, garde le silence à son sujet ? Est-il encore envisageable de reformer le trio né dans le deuxième tome ? Une nouvelle aventure pour continuer le cycle avec panache.

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Aristide, le retour

 

La même silhouette, un géant de deux mètres et quelques, enveloppé dans un caban à ses mesures. Au fur et à mesure de son avancée, des détails m’apparaissaient : il avait mûri, s’était affiné de corps et de visage, des cheveux courts en brosse et une barbe de trois jours, il ne se rasait plus la tête et était chaussé de bottes brunes massives, mon éléphant.

Il s’est planté devant la vitre et m’a souri, le même sourire, large comme une tranche de pastèque et les mêmes yeux de porcelaine bleue.

J’ai réalisé combien il m’avait manqué et je suis sorti pieds nus. On s’est embrassé sur le pas de la porte, muets et graves, émus dans ce temps suspendu. Dans ses bras, j’étais toujours perdu, fluet, désarmé…

Il a baissé la tête pour passer le seuil, il est entré et a posé son sac, s’est assis en tailleur à même le sol près du foyer, a tendu ses mains aux flammes.

Ses yeux furetaient aux quatre coins de l’unique pièce, renouant avec la permanence tout en quêtant les changements.

« Mon chat, Lapin ?

— Vingt ans que tu es parti, Aristide. À ton avis ?

— Alors, il est mort. Quoi ?

— De vieillesse.

— Bon. »

J’appréhendais une autre question. Il ne me la posa pas ce jour-là ; elle devait pourtant lui brûler les lèvres…

S’étant réchauffé, il a posé son caban plié à l’envers sur le dossier d’une chaise, sa chaise, la plus solide des trois, et s’est assis à table. Il portait un jean neuf, une chemise grise et le tout bien coupé à sa taille.

« La classe, Aristide !

— J’ai appris beaucoup et à m’habiller. J’ai trouvé à Barcelone dans le Gotico une boutique pour les gros et les balèzes… Et les bottes, tu les vois, c’est un grand pompier qui me les a vendues sur le rastro.

— Tout ça a dû te coûter un bras ?

— Le rastro, c’est les puces, là-bas. C’est comme ça que ça s’appelle, et du coup, c’est pas cher… Et on gagne bien à la pêche aux thons.

— Bigre ! La pêche aux thons ! Dis-m’en plus.

— Je te dirai la matanzaune autre fois. C’est pas jojo, tu sais, et faut pas être trop regardant quand on a besoin de gagner sa croûte.

— J’ai appris ça.

— Toi, tu brilles pas, Mô. Tu es de plus en plus froissé.

— Et à l’intérieur comme à l’extérieur. Tu me trouves fripé ?

— On sent, tu t’ennuies.

— Pas faux. »

Il avait changé, mûri, mais il avait su garder intacts son empathie et l’instinct enfantin qui lui tenait lieu de jugeote. J’étais ravi.

Lancement

Michel Torres sera présent à la Comédie du livre de Montpellier ce week-end, à cheval entre le stand de la librairie Sauramps et le nôtre au cours des trois jours !

 

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216 pages
ISBN papier 978-2-37177-579-4
ISBN numérique 978-2-37177-213-7
18,50€ / 5,99€

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