[REVUE DE PRESSE] Nadine Agostini : une Histoire d'Io sans nuance de gras 17 octobre 2017 – Publié dans : La revue de presse – Mots-clés : histoire d'io, l'esquif, minotaure, nadine agostini, pasiphaé
Merci à Jean-Paul Gavard-Perret pour cette chronique à retrouver sur Le Littéraire.
Nadine Agostini, Histoire d’Io de Pasiphaé par conséquent du Minotaure
Nadine Agostini n’en a pas fini avec les mythes. Il faut dire qu’ils ont la vie dure. Aussi après Ariane « sa sœur » comme aurait dit Racine, et tout en la retrouvant, elle va du côté d’Io, Pasiphaé et mine de rien vers le Minotaure sans minauder. La sudiste en rien cagolle n’y va pas de main morte. Dans le labyrinthe « palais aux couloirs courbes » dont les « architectes s’inspireront pour émerveiller les mondes futurs » (et les fêtes foraines), l’intrusive n’est pas à un héros ou une héroïne près. Elle ne barguigne jamais.
Notre nouvelle Ariane, comme l’ancienne (les deux « pieds légers et sabots inusables »), aime les hommes. Surtout lorsqu’ils sont tordus. En forgeronnes elles savent les redresser. Et non seulement «leurs muscles noueux noués à force de crispations ».
A l’inverse, ses figures masculines ont un problème avec les femmes. Certes, « le minot de Minos » est nommé « monstre » par sa propre mère, ce qui n’arrange rien. Mais comment pourrait-elle faire autrement pour prendre son problème par les cornes ? D’autant que le garnement tel Don Quichotte a le sang chaud et possède ses raisons de la colère : pas question pour lui de prendre le thé en attendant Thésée. L’athée bout de la cafetière, sa solitude le pèse : il attend des cinq à sept moins ascètes.
En une sorte d’hommage au grand Ghérasim Lucas dont la poésie fait son Enki et ses encas, sous des diverses coiffures et son label au bois d’Ornant, Nadine Agostini, fédère autour d’Héra. Elle et d’autres annexent le ventre de la poétesse. Car puisqu’il y eut au cinéma celui de l’architecte, elle ne veut pas être en reste — qu’elle soit en ivresse à Ivry ou savonnée à Marseille.
Si bien que dans cet “architexte” tout est pour la tripe comme disait Rabelais. Mais ici elle n’est pas du genre adipeux (à une nuance de gras près — cf. fin de ce papier) mais intellectuelle. Et la poétesse en belle de cas d’X reste la jouvencelle qui — dans sa nouvelle saga à la Mario de Nintendo — console de bien des tours d’escarpolettes les enfants que nous sommes. Cette mère veille sur « papasiphaé ». Mais il ne faut pas s’y fier. Mais nous ne lisons pas l’histoire d’Io pour être pacifiés.
Il convient parfois de faire preuve de cœur à l’ouvrage. Car à l’intérieur des cuisses de celle qui rêve d’atteindre le« firmaman » ce n’est pas un simple iota de graisse qui empêche le passage du sexe. Iota dit alors à l’agglutinant foutriqueur « vas-y ». Chacun aura compris que, quoique antique, elle n’est en rien Pietà. Au mont de piété elle préfère celui de Vénus. Sa fleur y est cueillie en physique quantique.
Pour cela, il suffit que les marguerites durassent « en un dernier pop pof » au milieu des champs de tournesols ou de Maldoror. Soudain, Io est moins teintée d’iode de l’Egée que du suc des Mad Max et des Gégé. Tous préfèrent les kermesses aux offices. Tant pis si, chose faite, ils ne se fendent même pas d’un Ite Hermès est dite. Car les déesses ont la vie dure et se moquent des zéros de conduite. En leur labyrinthe ils finissent toujours dans le mur.
Jean-Paul Gavard-Perret
Nadine Agostini, Histoire d’Io de Pasiphaé par conséquent du Minotaure, éditions Publie.net, Montpellier, 2017, 104 p. — 12,00 €. Parution 22 novembre.