La patrie de Mihàlis Ganas, c’est l’Épire, au nord-ouest du pays, près de la frontière albanaise : une Grèce pauvre et pour nous insolite, montagneuse, pluvieuse, neigeuse. Il en fut chassé tout jeune enfant, pendant sept ans, avec ses parents exilés pour cause de guerre civile. Plus tard il dut, comme tant de provinciaux, s’installer à Athènes pour gagner sa vie.
La poésie de Ganas est hantée par son enfance et ses montagnes, ce rude paradis perdu. Personnages principaux : lui-même, ses proches, ses ancêtres. Il ne cesse d’évoquer les morts — qui sont chez lui aussi vivants que les vivants. En cela il est on ne peut plus grec. Tout un monde ancien parle à travers lui. Sa parole simple, dense, ferme et en même temps subtile, ses poèmes droits et rugueux comme des arbres, qui sentent la pierre et la terre humide, sont le précieux dernier écho d’un monde paysan, mi-chrétien mi-païen qui se meurt, dont sa génération aura été le témoin ultime. De même, on sent ces poèmes irrigués par le passé poétique grec le plus originel et substantiel : Ganas est l’héritier direct, le continuateur des merveilleux chants populaires et de Solomos, père fondateur de la poésie grecque moderne au XIXe siècle.
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