On est en 1794. Après un siècle d'exploration du monde, de passion de la découverte, la Terreur, l'incertitude.
Cela ne compte pas. Le monde au-dehors est balayé. Il suffit d'un rai de lumière dans le rideau, de la flamme longtemps regardée dans la cheminée.
De l'art d'être avec soi-même, ou plutôt de cheminer vers soi-même.
L'auteur a 27 ans, un duel paraît-il l'a contraint à rester 42 jours aux arrêts dans sa chambre, et c'est son frère, le philosophe Joseph de Maistre, qui le publiera.
C'est la magie spécifique à ce texte (double texte, puisque Voyage autour de ma chambre est suivi de Expédition nocturne autour de ma chambre, puisque ses contemporains n'allaient pas le laisser s'en tirer à si bon compte, avec juste ces 40 chapitres (parfois tout brefs, le plus court fait... une ligne) de son livre étonnant.
Dans la douceur et la fascination que nous pouvons avoir à lire ou relire Voyage autour de ma chambre, je crois que c'est cette symbolique si forte de l'espace renversé qui nous entraîne : dans les quatre pas qui nous séparent des murs où on se calfeutre, le monde entier résonne – et cela peut constituer pour chacun la totalité du monde.
Il faut rêver un peu ? Justement, c'est l'art des grands textes, de nous le permettre... Et peut-être que le monde qui nous entoure, ici et maintenant, rend très actuelle cette belle et active méditation.
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