Il y a des écrits, pour chacun de nous, qui sont des croisements.
Même publiés, ils restent des ateliers, des points focaux, c’est par eux qu’on doit repasser pour avancer. Ou alors, c’est qu’ils cristallisent une figure originelle, inépuisable, qui est aussi la grille des nouveaux départs.
Ricardo Montserrat est né en Bretagne, de parents antifascistes catalans. Au Chili, sous la dictature de Pinochet, Montserrat retrouve la langue et les combats qui avaient mené son père en Bretagne. Il le fait par le théâtre. C’est armé de la sorte qu’il revient en 1992.
Au sortir de sa traversée chilienne, il lui était possible d’appréhender l’autre guerre, celle qui avait mené son père dans les camps, le même camp dont un de ses oncles ne reviendra pas.
Et pour appréhender le lieu de mort, c’est à la Bretagne, pour lui natale, qu’il demande les clés : les légendes bretonnes vont lui donner cette force. C’est l’île de Groix et ses légendes d’Atlantide, c’est l’Enkou, intercesseur de la mort.
Quand il quitte le Chili en dictature pour s’installer en Bretagne, il rencontre une autre histoire : celle qui avait poussé son père à fuir le nazisme.
Alors voici un étrange triangle : l’appropriation de la langue, la nôtre, en s’inscrivant dans un territoire, la Bretagne, va aborder la guerre, et ce qu’elle porte de mort.
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