[REVUE DE PRESSE] Doucement (!) de Katia Bouchoueva : cymbales, tambours, grandes orgues ! (et drôlerie) 14 septembre 2020 – Publié dans : La revue de presse – Mots-clés : doucement !, Katia Bouchoueva
Merci à l'Alamblog pour sa lecture de Doucement (!) de Katia Bouchoueva (en belle compagnie), à retrouver ici.
Mais comment clore cette chronique autrement qu'en beauté !
Basculons derechef dans le recueil de Katia Bouchoueva. Et pas du tout Doucement (!) comme elle le propose. Au contraire : largement, trompetteusement ! Cymbales, tambours, grandes orgues ! Jéricho, nous voilà ! Et pour la simple raison qu'on aime lire sa poésie dont le ton, la drôlerie, l'allant et les marqueteries nous semblent dignes d'attention. On devine qu'il se noue quelque chose entre les lignes. Cette jeune personne souriante qui écrit comme on se jette dans la pente pour mieux négocier les virages mérite toute notre attention.
Même si ce qu'elle raconte est...
Moche-Moche
Les riches voyagent,
les pauvres migrent.
Mon tigre,
allongez-vous sur le dos
au bord de l'eau.
Vos yeux grêlons ont toutes les raisons du monde
de tout briser dans l'air.
Quand le drone de ton destin foutraque
trace deux petites lignes perpendiculaires,
mange la ligne horizontale (c'est ta colonne vertébrale) !
Prends la ligne verticale (c'est là où le petit rat s'installe) !
Mon frère le ver de terre rechante
l'hymne national
à toi - nouveau venu -
rat, tigre, grue
(c'est selon)
Frôlent et caressent les riches - intensément.
Creusent et embrassent les pauvre - intensément aussi.
A travers une fenêtre d'un bus de fortune
les pauvres mangent à pleine bouche la plaine jaune et mauve.
Mais à l'aube quelqu'un leur prêt des tunes,
Donner des tunes, voler la tune, c'est tout comme (*)
Quel que soit le sens de la métaphore,
fauchée je touche la lèvre inférieure
d'un vieux monsieur assis en face.
Ca saigne de nouveau.
Beau fleuve nous emporte et au milieu du fleuve :
une bouche, un nez des yeux.
A qui ?
Comme il était moche-moche
l'homme créé
à partir de vieux tickets de caisse mouillés
du fond de ta poche
Maigre et assommé,
Pâle et sans apport,
mais on l'a aimé
fort
fort.