[NOUVEAUTÉS] « Baleine Paysage » et « Passée par ici », de Maryse Hache 8 avril 2015 – Publié dans : Notre actualité – Mots-clés : , , , , ,

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L’auteur

Après études de philosophie et enseignement, passe au théâtre / elle ouvre, dans le webmonde, un blog en 2008 : semenoir, où elle poursuit, à vue, un travail d’écRiture et de réflexion, de lire-écRire, et de rencontre avec les auteurs vivants. Maryse Hache vit écRit et lit en vallée de Chevreuse jusqu’en octobre 2012, date de sa mort.

Son site : http://www.semenoir.typepad.fr

Baleine Paysage

C'est le matin.

Oh, si l'on savait déplier tout ce qu'il y a dans ce mot, « matin ».

Difficile de dire l'émerveillement contenu dans ce recommencement. Chaque jour, savoir dire ce qui se passe, se voit, se sent, s'écoute, devant une fenêtre ouverte. Prendre l'aube. S'appuyer contre « l'épaule éblouissante » du soleil, pour voir.

Les branches du tilleul et l'entrée du chat roux, les pépiements virevoltes, les voix. Ce que disent ces voix. Beau ou terrible, mystérieusement tranquille ou implorant, ou sage.

Maryse Hache le peut. Le matin elle écrit. Sa chambre donne sur le jardin.

Elle entend tout, et les bruits de la veille, et d'autres bruits venus de l'autre bout du monde ou de pays lointains depuis longtemps muets. Elle écrit tout, immobile sur son lit, un peu comme sur une île. Un peu échouée, comme s'échouent les baleines – c'est qu'elle a des griffures, dit-elle, griffures de corps, une santé égratignée. Dans Passée par ici, elle explique ce qu'il faut de batailles, et avec quelle intelligence.

Un peu échouée comme une baleine – ce qu'elle dit en riant. Et cela donne un titre aux écrits du matin que vous lirez ici : les baleine paysage.

S'échouer dans le paysage, c’est simple pour Maryse qui en a le talent et le bonheur de vivre. Du moins jusqu’en octobre 2012, où un jour elle s'en va – ces griffures qui déchirent et ce genre de bataille qu'on ne peut pas gagner. Elle est « tuée par la mort » – une expression qu’elle a tissée, et qu’on peut lire dans son Abyssal cabaret.

Elle inventait des noms de fleurs.

Certains matins les voient s’ouvrir ou se faner, d’autres les chantent un temps, ce que vivent les roses. Quelle chance : les matins de Maryse ne se taisent pas, sont immortels d’être passés juste sous sa fenêtre. Cette joie vivace qu’elle nous offre.

Christine Jeanney

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Passée par ici

Passée par ici, ancré dans la vie et déjà posé sur la mort, n’est pas une chronique mais un récit. Un récit de la traversée des apparences et des réalités de l’hôpital telles que doit les affronter celui ou celle (celle en l’occurrence) qui ne veut abandonner ni l’espoir ni la gouverne de sa propre vie. Car c’est bien de cela dont il est question dans ce récit qui emprunte les formes de la poésie et celles de l’analyse anthropologique : comment maintenir sa dignité quand tout tend à la laminer, au pire, ou à l’ignorer, au mieux.

Quand Maryse Hache compose ce récit, pour le Centre d’éthique clinique de l’hôpital Cochin, cette odyssée hospitalière, qu’elle vivra à pleines dents comme une aventure, date, pour elle, de deux petites années après qu’un jour du bel automne 2005 elle entende « il faut enlever ce rein ». Opérations, chirurgienne et chirurgiens, infirmières, oncologues, douleurs, attentes, elle entend en être de tout cela complice, voire sujet et surtout pas objet. Ce combat qu’elle mènera jusqu’au bout se joue aussi bien dans les discussions avec les soignants que dans les gestes du quotidien : « pourquoi frapper avant d’entrer si vous n’attendez pas la réponse avant de le faire ? ». Mais ce texte n’est pas seulement une narration du quotidien d’un patient, il est aussi, et surtout, un récit poétique des relations humaines qui se tissent dans ce monde où la maladie est la grande régulatrice mais dont il convient cependant de refréner les tentatives d’hégémonie. Il faut parfois travailler au corps et à l’âme ceux qui soignent pour qu’ils le fassent comme elle voulait qu’ils le fassent : avec respect et attention. Alors la poésie couvre de louanges ceux-là qui le font d’emblée ou acceptent enfin de le faire. Et cingle parfois ceux qui ne veulent pas. Jusqu’au bout (elle mourra en octobre 2012) c’est la vie qui a prévalu, la vie et la poésie et l’écriture et les autres.

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