[REVUE DE PRESSE] Petites notes poétiques d'Éric Dubois par Ghislaine Lejard 4 février 2015 – Publié dans : La revue de presse – Mots-clés : ,

Retrouvez l'article sur Terre à ciel. Merci à Ghislaine Lejard.

Une trilogie poétique

Radiographie, Eric Dubois, L’inadvertance, publie.net

dubois_radiographieEn cette poésie, flotte un air de nostalgie et la difficulté de vivre s’y exprime : « avons-nous vraiment l’insouciance d’un jour ! ».
Le poète se pose une question essentielle : « dire / comment dire ! ».
La poésie d’Eric Dubois est une poésie du questionnement et les poèmes sont là, consolateurs : « on a besoin de mots » « des mots comme des cataplasmes ».
Le poète sait partager ses souvenirs et nous dire que la nostalgie s’efface devant la vie, plus forte que la mort :

« La vie est une victoire
Sur les jours qui passent »

Une victoire à laquelle contribue ce « monument de papier » que le poète érige en mémoire de son enfance et des siens.

 

Mais qui lira le dernier poème ?, Eric Dubois, L’inadvertance poésie, Publie.net

dubois_mais-qui-liraÉcrire des poèmes c’est conjurer le temps qui agonise, pour « rendre la mort plus visible ». Écrire dans un éblouissement, sans préméditation, pour éclairer la nuit ; Le poète est : « dans la nuit adossé à l’insurmontable ».
L’écriture comme une revanche personnelle et sociale qui peut laisser le lecteur mal à l’aise quand la confession se fait sans retenue.

« J’en ai assez
D’être moins que ça
moins
Je veux être plus
me hisser au-dessus des autres
Dans les parfums le luxe et les aphorismes
Ici-bas ne me suffit plus
Je veux péter plus haut que mon cul
Dans les parfums le luxe et les aphorismes. »

« Luxe, calme et volupté » disait Baudelaire…

Il pleuvait sur la ville évoquée par Verlaine comme il pleut sur la ville pour Eric Dubois :

« Il pleut et la ville est encombrée
de vies encombrantes et
dérisoires comme la pluie… »

Il n’y a cependant pas de désespérance et le poète appelle à la vie :

« Il faut vivre
les bras chargés de promesses
pour les quelques années
qu’il reste… »

L’écriture aide à la quête du sens et en filigrane, pourquoi pas à la quête de Dieu.

« Il est dans ce poème
Il m’écrit
C’est lui qui guide ma main
qui trouve les mots
Il me parle
Le mot est Dieu
le mot est univers
Dieu est l’alphabet du silence »

Le poète a besoin des mots, et il les trouve, même en l’absence de Dieu.
L’écriture en ce recueil se fait quête :

« Exister par les mots et par la chair
par la bouche et par la nuit
exister. »

La question finale qui donne son titre au recueil : Mais qui lira le dernier poème ? éclaire la démarche d’Eric Dubois, celle d’une quête existentielle tout autant que poétique.
À lire cette interrogation finale, le lecteur se pose une autre question, pour qui Eric Dubois écrira-t-il son dernier poème ?

Et c’est encore l’hiver, Eric Dubois, L’inadvertance poésie, Publie.net

dubois_hiverL’hiver est une saison souvent évoquée dans les poèmes de Eric Dubois, elle est propice à une vie intérieure plus intense, le dénuement qui la caractérise appelle au recueillement et favorise la création.

Les poèmes de ce recueil ont été écrits durant l’hiver 2008-2009.
L’hiver au cœur du silence quand on a refermé la porte, on cherche les mots.

« L‘hiver
métaphore de la pensée

L’esprit vide
Recroquevillé… »

De la fenêtre, le poète voit la ville et la pluie tomber quand défilent l’ennui et les souvenirs ; ceux de l’enfance :

« Il pleut
dans le cartable

Il pleut
dans les souvenirs

Soleil d’hiver
aussi

Les printemps ne sont plus
comme avant

Le temps a fait son travail
de serrurier »

La poésie pour conjurer la détresse de l’adulte qui est devant le monde comme l’enfant devant son jouet cassé, le poète sait que l’« On ne guérit pas du chagrin
comme on ne guérit pas de l’enfance

On ne guérit pas des souvenirs
on tente d’oublier »

Le poète est celui qui réinvente le monde et le redessine par la magie du verbe, qui « voudrait voir la mer /dans la ville » ; il sait aussi que « chaque jour /est un baptême » et que « la destination est une promesse ».

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