Un texte/Une voix — Un hymne à la paix (16 fois)/Laurent Grisel 15 septembre 2013 – Publié dans : Un texte/Une voix – Mots-clés : , , , , , ,

Ce dimanche, c'est Laurent Grisel qui nous parle de Un hymne à la paix (16 fois). Et il a la gentillesse de nous en dire beaucoup sur la genèse du texte et sa portée :

grisel_hymneQuelle est la phrase/anecdote/situation qui déclenche l’écriture de Un hymne à la paix (16 fois) ?

Cet hymne est l'esquisse, le brouillon, du poème final de Descartes tira l'épée.

Le 9 novembre 2002, parlant avec un apprenti philosophe, Tsuzaki Yoshinori, à la sortie de la maison de la culture du Japon où je venais d'écouter Furui Yoshikichi et Véronique Perrin, ces quelques mots de La Vie de Monsieur Descartes, « Descartes tira l'épée », me traversèrent l'esprit. Ils contenaient mes énervements contre l'irrationalisme comme philosophie spontanée des littérateurs de notre temps et mes recherches sur la guerre et la paix, plus précisément les après-guerres, les politiques du pardon, les changements de civilisation. Tout cela d'un coup et ordonné en oppositions deux à deux.

Je suis encore aujourd'hui en train d'écrire ce Descartes, je ne sais pas quand j'aurai fini. Fin 2003, quand Anne Slacik me proposa de faire un « manuscrit peint », je savais seulement que ce serait en rapport avec ce bouillonnement et quand, dans son atelier, le 15 janvier 2004, je vis un de ses tableaux, bleu, j'eus une brusque idée de paix.

Si Un hymne à la paix (16 fois) était une personne ou un personnage, qui serait-il ?

Une femme.

Quel passage/mot/extrait de Un hymne à la paix (16 fois) vous tient le plus à cœur et pourquoi ?

Hymne 11, Voix de femme : « Personne n’est à nous. Personne n’est à personne. »

Parce que ce n’est pas de moi, c'est une parole anonyme : elle se trouverait dans de nombreuses conversations, dans de nombreuses œuvres

Parce que c'est une bascule de la guerre dans la paix (il y en a une ou plusieurs dans chacun des seize hymnes), mais la plus essentielle peut-être : toutes les autres peuvent s'y ramener – et qu'elle noue d'un seul coup les brins de toutes les raisons de paix – droit, économie, psychologie, tout ce qu'on voudra.

Parce qu'entrer dans ces hymnes par cette porte, à la manière de Léo Strauss, conduira à beaucoup d'autres hypothèses, interrogations.

Enfin parce qu'ainsi, au centre des seize hymnes, comme leur axe, on sait que sans Voix de Femme il n'y a pas de paix.

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11           Voix d'Homme, de Bourreau et de Femme

 

Voix d’Homme

On n’oublie rien.

 

Voix de Bourreau

Je n’ai rien fait. J’étais à une place, c’est tout.

 

H.

Il était dans le durement juste.

 

Voix de Femme

Il avait trouvé et compris ses raisons, il les avait

travaillées, claironnées.

Il regardait autour de lui.

On comprenait qu’il ne fallait pas le contrarier.

Il lisait les journaux qui faisaient rire.

 

H.

Il est défait. Il est à nous.

 

F.

Personne n’est à nous. Personne n’est à personne.

 

H.

Nous l’avons à merci.

 

F.

Je ne veux pas entendre crier merci. Hurler merci.

Mais une sorte de justice qui le laisse en lumière,

sans histoire à se raconter que la sienne propre,

sans faux-fuyant.

A-t-il demandé pardon ?

A-t-il demandé pardon, seulement ?

 

H.

Qu’il se regarde en face.

Laissons-le en pleine lumière.

 

F.

Qu’il monte sur la colline,

 

H.

qu’il sente le vent frais aux oreilles,

qu’il ouvre et ferme et ouvre les yeux –

et qu’il parle, résolument, en homme

aux humains.

 

F.

C’est nous qui savons maintenant.

C’est nous qui savons comment vont les petits

leurs premiers pas.

 

H. & F. (ensemble)

L’indifférence, comment la déjouer ?

L’oubli du bien commun, comment le limiter ?

Les paroles à double sens, peut-on les moquer

sans lasser ?

 

B.

Vous aimez les scandales. Vous entretenez

les divisions.

 

H. & F. (ensemble)

La paix n’est pas peur de dispute, ni silence

par peur de blesser, mais disputes parlées,

chantées, cherchées dans leurs raisons, cultivées,

cultivation d’un monde qui n’est pas nôtre

ni des autres, ni de tous, mais loin,

grand et tournant sur lui-même sans fin.

 

H.

Je m’occuperai d’un jardin

 

F.

qui ne sera pas nôtre.

 

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Et à dimanche prochain !