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Signatures

Lou Sarabadzic

Vendredi 16 novembre > 17h - 19h
Samedi 17 novembre > 17h - 19h

La vie verticale

À huit ans, on a cru que j’avais un problème de surdité. Je faisais trop répéter les gens.
À dix ans, on a cru que j’avais un problème de vessie. J’allais toujours aux toilettes avant de partir. Même si je venais d’y aller trois minutes avant. Si quelqu’un disait : « on y va », je devais y aller.
À douze ans, on a pensé que j’aimais bien emmerder le monde.
À quatorze ans, on a cru que je faisais des insomnies.
À seize ans, on a cru que j’avais un organisme capable de ne jamais grossir, même en mangeant des pizzas froides ou des tranches de pain à chaque repas que je me préparais seule.
À dix-huit ans, on m’a félicitée de réussir aussi bien.
À vingt ans, on a loué ma persévérance.
À vingt-deux ans, on a dit qu’en fait j’étais juste têtue comme pas possible, que ça en devenait chiant à la fin.
À vingt-quatre ans, j’ai cru moi-même que c’était juste de la volonté, de l’ambition, et un rapport constructif au stress.
À vingt-six ans, on a cru que j’étais addict au travail.
À vingt-huit ans, je suis née presque adulte en lettres étrangères.

Sarah Roubato

Sarah Roubato

Samedi 17 novembre >14h30 - 16h30

30 ans dans une heure

Partout en France et ailleurs, ils sont sur le point d’avoir trente ans. Une foule d’anonymes qui cherchent à habiter le monde ou à le fuir, à dessiner leurs rêves ou à s’en détourner. Au cœur du tumulte, ils s’interrogent, se font violence et ce sont leurs voix que l’on entend se déployer :

Chacun dribble avec son petit moi.
On a soif. Soif d’un nous.
Je me sens la taille d’une comète à qui on offre l’espace d’un bac à sable.
Un animal a envie de chialer en moi.
Il y a des jours où j’aimerais que quelque chose me maintienne quelque part. Que je puisse dire ce que je fais ici. Qu’il y ait une raison.
Je veux passer le plus de temps possible à cultiver mon champ d’étoiles.
Demain j’ai rendez-vous avec ce qu’on attend de moi.
Le rêve c’est un muscle, ça doit s’atrophier si on ne l’utilise pas.

Roman choral de l’espoir et des désillusions aux monologues finement entrelacés, 30 ans dans une heure dresse le portrait d’une jeunesse en proie aux désirs et aux renoncements.

Avec ce premier roman, l’auteur de Lettres à ma génération tisse un faisceau de récits croisés d’une grande justesse.

Joachim Séné

Joachim Séné

Dimanche 18 novembre > 15h - 17h

Village

Aux abords de la ville, au bout d’un périphérique, d’une voie rapide, d’une nationale, d’une départementale : le Village. C’est un lieu.

Mais le Village, c’est aussi un temps.

Un temps de l’écart, pris dans le feuilleté des constructions et des démolitions, dans les terres labourées, désertées qu’on voit depuis les lucarnes des greniers.

Joachim Séné s’empare de ce temps, de ce lieu, pour dessiner, avec ses formes et ses couleurs, un village réel et légendaire, le Village. S’y accrochent des souvenirs, des gestes, des visages. Les siens, les nôtres, ou ceux d’un « tu » qu’on imagine proche et qui nous parle depuis un chemin de cailloux où pédale un garçon – avec ses rêves, ses inadéquations, ses frayeurs et ses attaches incompressibles.

Une queue de comète se forme, comme si la lumière s’adaptait à nos yeux : le Village, traversé de toutes ces strates temporelles, apparaît, ici et maintenant. Des barrières impossibles à franchir s’écartent. Nous entrons.

La crise

La crise est partout, tout le temps. Dans les écrans de nos flux d’information en continu, dans les journaux, dans la parole surveillée des passants se rendant au travail — quand ils en ont encore un. On la retrouve taguée sur un mur de la ville, comme dans ce cri qui a motivé l’écriture de ce livre : la crise c’est chaque fin de moi(s).

À la fois drôle et glaçant, micro journal du temps qui passe, exploration par la langue d’une situation brutale, anticipation politique et poétique, roman fragmentaire frénétique, La crise, suivie du postapocalyptique Je ne me souviens pas, est un remède contre tous les éléments de langage désespérants de notre époque.

À la manière d’un pirate informatique, Joachim Séné fait œuvre d’insoumission littéraire.

C'était

Informaticien, Joachim Séné décide de quitter son travail pour écrire. Mais les fantômes sont coriaces – chaque c’était, en tête de chaque paragraphe, ira harponner à rebours un des éléments de l’ancienne vie salariée, la vie moderne des bureaux d’aujourd’hui, et leur informatique.

Une expérience formelle dérangeante, la netteté de ce qu’on voit, l’abstraction du monde, le quotidien du corps et des paroles, le travail du code, des bases de données, les chefs et le retour chez soi.

Ces 53 semaines en 5 fragments, sans jamais dire « je », révèlent une mise en écriture résolue, politique et tout aussi coriace, du monde du travail et des écrans.

Ce n’est pas l’open space qui nous fera rêver ici, c’est l’aventure renouvelée du roman, à échelle des êtres – même si parfois, pour cet instant, pour cette silhouette, cinq lignes suffisent.

C'est l'occasion de se rencontrer en personne, de discuter, de découvrir nos livres…

Espace des Blancs Manteaux
48 rue Vieille du Temple
Paris 4e — Métro Hôtel de ville

Entrée libre