Carnet de bord 2021, semaine 26 4 juillet 2021 – Publié dans : Notre actualité – Mots-clés : , , ,

lundi

Sobre, l'éditeur décida d'attendre qu'il ait fini de pleuvoir pour aller poster ses enveloppes et colis. Il attend toujours.

 

mardi

Point téléphonique de la semaine avec Julie, de retour de sa tournée parisienne. Tout s'est bien passé. Les libraires sont curieux, en ont marre de la soupe (ça tombe bien, nous aussi). Les livres qui les attirent sont ceux que nous pensions, eh bien, attractifs. Ceux qui sont plus difficiles étaient aussi, disons, identifiés comme tels. Il y aura 521 romans lors de cette rentrée d'automne post-post-covid. Comme toujours c'est beaucoup. Mais enfin croyons en notre bonne étoile : des commandes sont notées, d'autres seront prises d'ici la parution des livres. Ce qui paye quand ça paye, c'est à la fois les efforts présents (beau catalogue sous forme d'affiche réalisé par Roxane, beau programme de parution du second semestre, présence de Julie sur place en magasin, tournée faite en coop avec un autre éditeur indé cool, Vanloo pour ne pas le citer, de nouvelles propositions commerciales pour tâcher d'être plus incisif), et les efforts passés (plusieurs années de contacts réguliers maintenant, la progression du catalogue, l'amélioration de la qualité des livres, l'ouverture aux retours, etc.). Comme quoi ce sont aussi les petits détails qui nous aident à nous inscrire dans la durée. Et c'est sur des détails que travaillent Roxane et Christine (Jeanney) sur la composition de la couverture de son prochain livre, intitulé non Chooper Mercurey comme évoqué lors des derniers épisodes du carnet mais La Nuit de Rachel Cooper (et voilà qui devrait vous mettre sur la voie quant au sujet du livre), le tout à paraître en début d'année prochaine. Des détails d'aménagement intérieur en réalité, car la création de la couv c'est aussi un monde propre à articuler, ici un monde qui nécessite (ou non, c'est la question) d'habiller les fenêtres de Rachel Cooper de rideaux.

mercredi

Quand je regarde les deux textes que je reprends cette semaine, après une première relecture il y a peu et des réponses ou des corrections effectuées par leurs auteurs respectifs, les réactions sont très différentes. Sur une même suggestion (en l'occurrence une broutille : plus marquer la rupture entre deux propositions en optant par exemple pour le point-virgule en remplacement d'une virgule), l'un des deux auteurs concernés me répond par la négative, n'employant jamais de point-virgule dans ce texte, le deuxième par la positive en précisant Chic un point-virgule ! Tu vas rire, mais je n’y pense jamais au point-virgule. Ce qui effectivement me fait rire, non pas que je m'imagine qu'un point-virgule change la face du monde, ni même que je prenne ombrage qu'on préfère maintenir des virgules sous forme de virgules (après tout, les propositions ne sont que des propositions), mais à cause simplement du parallélisme (et de la quasi simultanéité) des situations. Plus tard dans ce dernier manuscrit, en réponse à l'une de mes interrogations, je lirai en réponse : Qui a consommé de la fondue au shit en altitude a les idées embrouillées à jamais. Je ne demande qu'à le croire.

jeudi

Après une première vague d'envois sur la base des épreuves mi-mai, nouveaux SP rentrée depuis le début de la semaine. Je me dis que c'est tard. Toujours je me dis que c'est tard quand j'envoie des SP, même quand c'est en avance. Quand c'est trop en avance on se dit c'est trop tôt. Bref, il y a toujours quelque chose qui semble n'aller pas, comme si on se préparait d'avance sinon à l'échec du moins à l'adversité. Et puis on en vient à lire ici ou là qu'Albin Michel ayant finalement refusé de faire paraître le prochain livre de Zemmour, celui-ci se cherche un nouvel éditeur. Le livre est presque terminé, et EZ doit trouver un éditeur d'ici fin juillet s'il veut que son livre paraisse en septembre. On ne doit  pas tous avoir la même notion du calendrier... Bref, dans mes envois, parmi les trois titres Temps réel à paraître c'est très rare que j'envoie les trois aux mêmes interlocuteurs. Deux parfois, un le plus souvent. Comme à chaque parution il s'agit à la fois de les soumettre à des relais qui nous ont déjà suivis par le passé ET de diversifier nos contacts, d'en trouver de nouveaux. Écrire aux uns aux autres. Proposer tel ou tel. Ne pas s'offusquer des silences. Des fois envoyer sauvagementOn sait bien qu'il y aura plus d'envois ne donnant rien que donnant. C'est le jeu. Certaines pistes sont plus fantaisistes que d'autres (Bangumi pour l'émission Quotidien, mais enfin l'an dernier ils nous avaient demandé). Pour d'autres on s'est découragé (Le monde des livres). Pour d'autres encore on persiste, mais en cherchant par d'autres portes (Télérama). Des fois il y a des coups de folie. Un jour j'ai envoyé un livre à Jean-Luc Mélenchon. Ça n'a rien trop donné.

 

vendredi

J'ai coupé le wifi. J'essaye de n'être pas dérangé pour relire. Relire, ne pas me disperser. Au fond ce n'est pas tant pour ne pas être dérangé que je le fais que pour tâcher ne pas me déranger moi-même (changer d'onglet, checker mes mails et le redbooth toutes les X minutes, partir sur autre chose en plein milieu de peur d'oublier un machin, un bidule). La concentration baisse, surtout quand on en vient à une troisième ou quatrième relecture d'un même texte, et alors on ne sait plus très bien situer les versions. Ce faisant, wifi coupé, je ne pourrais pas apprendre que le président du SNE estime qu'il faut faire attention à la concurrence portée à la lecture par d'autres contenus culturels comme les séries télé. C'est le nouveau serpent de mer de l'édition mainstream : après c'est la faute à Amazon, c'est la faute au numérique, et autres c'est la faute aux élections présidentielles, ben c'est la faute à Netflix. Donc celui qui règne aussi, comme PDG du groupe Média Participations, sur des filiales qui font dans le jeu vidéo, l'audiovisuel et la vidéo, agite le chiffon rouge des séries télés, lesquelles séries télé nous "apprend" Livres Hebdo sont bien plus prescriptrices que n'importe quel organe de presse, il n'y a qu'à voir l'engouement récent pour Arsène Lupin, pourtant dans le domaine public. Probablement qu'Editis (partie intégrante d'un groupe industriel qui pèse autant dans la télévision que dans le jeu vidéo) est aussi de cet avis. Où qu'Hachette (dont l'actionnaire majoritaire est désormais le même groupe que celui qui préside aux destinées d'Editis, et trempe donc dans les mêmes business par capillarité capitaliste) s'en inquiète également. Bref, on nous prend bien pour des cons dans le monde du livre mais ça n'est pas réellement nouveau (et ça ne se limite pas qu'au monde du livre). Fort heureusement, côté Madrigall, on ne mange pas de ce pain-là : le groupe se concentre sur l'édition (même si LVMH trempe un peu au capital, mais c'est une autre question). Non, chez Gallimard, quelques jours à peine après le rachat des Éditions de Minuit, on s'inquiète juste des effets de monopole qu'impliquent  les grands travaux de Vincent Bolloré côté Hachette. Vous avez bien lu.