[REVUE DE PRESSE] L'enfant poisson-chat : nostalgie des temps simples et des rivières foisonnantes 19 janvier 2021 – Publié dans : La revue de presse – Mots-clés : ,

Une chronique à retrouver sur terreàciel, merci beaucoup !

Apprendre à pêcher
Avant d’apprendre à lire
Bien avant de savoir
Embrasser une fille

Premières lignes de L’enfant poisson-chat où Christophe Esnault invite le lecteur dans une enfance bercée par la pêche et par les premiers désirs d’embrasser les filles. La pêche occupe une grande place, plus grande que l’école, certainement car « on apprend mieux / dans le plaisir et dans la joie ». On l’imagine bien l’enfant Esnault ne pas parvenir à s’endormir la veille des jours d’ouverture de pêche. Plaisir partagé avec la figure paternelle qui n’hésite pas à installer un bassin dans le jardin pour y renverser des gardons. Le lecteur lit avec plaisir cette somme de petits souvenirs d’un gamin qui parfois s’émerveille, pêche sans autorisation ou achète le silence d’une petite sœur pour dissimuler des bêtises. Nostalgie de ces temps où les enfants savaient créer, par exemple une épuisette avec un filet à patates, ou se contenter du peu en attrapant des sauterelles. Nostalgie de ces lieux, rivières et ruisseaux, foisonnants de vie où trente-cinq après il n’y a plus aucun poisson à cause de la pollution. J’aime ces textes de Christophe Esnault pour ce qu’ils apportent ainsi de l’enfance, leur simplicité, leur sincérité. Son regard d’enfant toujours vivant. Les sensations de cette période de la vie toujours présentes. Cet univers de pêche tellement important que pendant la messe il ne pense qu’à cela et à la femme devant lui dans l’église. De la pêche on en vient aux premières pulsions d’adolescence, à la timidité pour franchir le pas et embrasser les filles emmenées pêcher avec lui, aux vols de livres pornos revendus à des garçons plus âgés... Livre aussi de toutes les occasions manquées à cette époque auprès de la gent féminine... Mais dans les dernières pages, une silhouette de femme s’avance dans la rivière et j’en garde l’impression que Christophe Esnault est un poète éternellement émerveillé. En cela, ce livre fait tellement de bien.

Le père braconne
Lignes de fond posées avant la nuit
Une vingtaine
Tous les quinze mètres
Sur toute une longueur de rivière

Etre trop jeune pour
Accompagner le père
Qui relève les lignes
A la lampe de poche
L’oncle de la ville l’a accompagné
Et il a déchiré son falzar
Sur un barbelé

Parfois ce n’est pas ce qu’on sort de l’eau
Ou ce qu’on ne sort pas de l’eau
Ou ce que l’on voit à hauteur d’eau
C’est la couleur d’un renard à vingt mètres

Prise dans notre émerveillement