[NOUVEAUTÉ] Voyage sous les flots, d'Aristide Roger 4 décembre 2019 – Publié dans : Notre actualité – Mots-clés : , , , , , , , ,

Dernière parution de l'année et non des moindres, dans une collection que nous portons fièrement depuis de nombreuses années et qui rencontre toujours un public de passionnés et de curieux, voici Voyage sous les flots, une aventure sous-marine née de l'imagination d'Aristide Roger. Sans plus attendre, la présentation de Philippe Éthuin pour vous éclairer sur ce passionnant récit :

Le sous-marin, véhicule de l’imaginaire

L’exploration et la maîtrise du fond des mers et des océans sont des rêves que l’être humain a eus dès l’Antiquité. La cloche de plongée aurait été utilisée par les troupes d’Alexandre le Grand lors du siège de Tyr (Phénicie, actuel Liban) en 322 avant notre ère ; au XVIe siècle, Léonard de Vinci dresse les plans d’un navire submersible capable de couler des bateaux ; Denis Papin présente en 1690 et 1692 deux navires submersibles capables d’évoluer sous l’eau (l’Urinator). Pourtant comme l’indique Bernard Louzeau « sans remonter aux périlleuses expériences de la Tortue de Bushnell, du Nautilus de Fulton (1800) ou du Plongeur de Bourgois (1863), l’histoire des sous-marins commence véritablement à la fin du XIXe siècle ». Tout au long du XIXe siècle des expériences ont été lancées afin de mettre au point des navires sous-marins de petites dimensions (par exemple le Belledonne, construit par le Français Prosper-Antoine Payenne en 1844, ne mesure que 9 mètres de long sur 2,80 de large), propulsés par des hommes.
L’un des facteurs d’accélération a été la Guerre de Sécession (1861-1865) au cours de laquelle les Confédérés multiplient les expérimentations pour tenter de briser le blocus des ports imposé par la marine des États du nord. Le 18 février 1864, le CSS Hunley est le premier sous-marin à couler un navire.

En 1863, le Plongeur est le premier sous-marin qui n’utilise pas la propulsion humaine, remplacée par un moteur à air comprimé. Ses dimensions et son poids impressionnent — il mesure plus de 42 mètres de long (essentiellement occupés par les réservoirs d’air comprimé) et pèse 420 tonnes — mais il ne peut naviguer qu’à proximité de la surface et n’embarque que sept hommes d’équipage.

Du côté de la fiction, le sous-marin connaît un développement plus important et plus rapide encore. Alors que l’étendue des terres inconnues se restreint, les fonds des mers deviennent un terrain d’exploration dont se saisissent les écrivains.

Parallèlement, ils extrapolent sur des engins sous-marins qui n’existeront que bien plus tard dans la réalité.

Si la postérité a retenu Vingt mille lieues sous les mers, publié en 1869-1870, comme origine du roman (de) sous-marin, Jules Verne connut des prédécesseurs aujourd’hui largement tombés dans l’oubli. Volker Dehs rappelle dans « Nemo, Flourens et quelques autres – Divagations autour de Vingt mille lieues sous les mers » quelques-unes de ces œuvres telles que Voyage au fond de la mer par le capitaine Mérobert de Clément-Jules Briois (1845) mettant en scène un homme n’ayant pas besoin de beaucoup respirer, ce qui lui permet d’explorer le fond des mers ; Voyage au fond de la mer d’Henry Moullin du Coudray de la Blanchère (1868), ouvrage pour la jeunesse largement empreint de merveilleux et Voyage sous les flots, Aventures extraordinaires de Trinitus, rédigé d’après le journal de bord de l’Éclair signé Aristide Roger en 1867-1868. D’abord publié en feuilleton dans Le Petit Journal(du 12 mai 1867 au 2 janvier 1868) sous le titre Aventures extraordinaires du savant Trinitus, il ne connaît pas moins de quatre éditions différentes (avec des variations d’un texte à l’autre) en volume entre 1868 et 1891 et une reprise en feuilleton dans La Science illustrée.

Sous le pseudonyme d’Aristide Roger se cache le docteur Jules Rengade, vulgarisateur scientifique dans le domaine des sciences naturelles, chroniqueur médical et journaliste. Jules Verne a su que Jules Rengade avait entamé la publication de son roman, alors que lui-même préparait un Voyage sous les eaux (premier titre de Vingt mille lieues sous les mers annoncé le 5 septembre 1867 dans Le Magasin d’éducation et de récréation de l’éditeur Hetzel soit quatre mois après le lancement du feuilleton d’Aristide Roger).

Le Nautilus

Aristide Roger et Jules Verne partagent l’extrapolation d’un objet technologique destiné à connaître un avenir d’abord dans le domaine militaire puis dans celui de l’exploration civile ainsi qu’une volonté didactique de faire connaître ces fonds des mers inaccessibles au commun des mortels. Le docteur Trinitus et le capitaine Nemo conduisent les lectrices et les lecteurs dans des lieux jusqu’alors inconnus.

L’Éclair d’Aristide Roger ou le Nautilus de Jules Verne ont des dimensions et des rayons d’action bien éloignés de la réalité. L’Éclair partant de Calais peut rallier en quinze jours (contre cent dix pour le paquebot) la Nouvelle-Hollande (c’est-à-dire l’Australie), le Nautilus peut parcourir vingt-mille lieues sous les mers alors que le Gymnote, sous-marin à propulsion électrique long de dix-sept mètres (contre soixante-dix pour le navire du capitaine Nemo) est le premier en 1884 à couvrir une distance supérieure à cent miles marins (et seulement vingt-cinq miles en plongée) avec cinq hommes d’équipage. Si Trinitus, concepteur de L’Éclair, présente un navire sous-marin propulsé grâce à des batteries électriques, le capitaine Nemo est bien moins loquace concernant le fonctionnement de son Nautilus. Plus réaliste aussi est le nombre d’avaries subies par L’Éclair qui ne finit pas dans une île mystérieuse mais comme une épave : la merveille scientifique ne connaît pas la perfection vernienne et donne aux personnages une évidente, et parfois comique, humanité.

Aristide Roger, l’immédiat prédécesseur de Jules Verne nous entraîne dans des aventures sous-marines à travers le globe, de Calais à la mer des Sargasses, de l’Équateur à l’Antarctique, de l’océan indien à l’Océanie et le premier à utiliser le sous-marin comme un véhicule de l’imaginaire.

Philippe Éthuin

168 pages
ISBN papier 978-2-37177-588-6
ISBN numérique 978-2-37177-223-6
16€ / 5,99€

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