L'Empire savant : aux origines de la science-fiction ? 26 novembre 2019 – Publié dans : La revue de presse – Mots-clés : ,

Le dernier numéro du Rocambole, bulletin des Amis du Roman Populaire contient la recension reproduite ci-dessous de L'Empire savant écrite par Daniel Compère. Merci à lui et merci à Rocambole !

Ce roman vient d’être publié en 2019, mais il a été écrit il y a près de deux cents ans, vers 1830. Et sa découverte dans un carton de la Bibliothèque de Compiègne vient révolutionner l’histoire de la science-fiction. Déjà, Rétrofictions de Guy Costes et Joseph Altairac fait apparaître que les années 1830 en France sont marquées par des œuvres qui, quoique souvent oubliées, constituent une étape dans l’apparition du genre : par exemple, Histoire d’une civilisation antédilivienne de Saintine (Revue de Paris, 1832), Paris avant les hommes de Pierre Boitard (Musée des familles, 1836), Braunsberg le charbonnier d’Alphonse Roger (Revue des deux mondes, 1832) ou Le Roman de l’avenir de Félix Baodin (1834).

Mais on ignorait qu’un trésor était enfoui dans la Bibliothèque de Compiègne où Vincent Haegele l’a trouvé récemment. Ancien chef de la police de Napoléon Ier, Pierre-Marie Desmarest est mis à la retraite en 1815. Il s’est retiré à Compiègne, sa ville natale où il va rédiger, entre autres, L’Empire savant dont Vincent Haegele a retrouvé récemment les feuillets qu’il a rassemblés et mis en ordre.

Cela commence comme un roman d’aventures dans lequel est plongé le jeune Isidore qui rêve de voyages et de découvertes. Le récit préfigure d’abord les grandes aventures africaines, puis il bascule dans la science-fiction avec la découverte d’une civilisation inconnue, plus évoluée que ne l’est celle qu’Isidore connaît. Si l’on pense parfois à Jules Verne, à Ridder Hagagrd ou à Edgar Rice Burroughs (le premier était à peine né quand Desmarest écrivait ce récit), le lecteur ne peut manquer d’être frappé par l’imagination dont l’auteur fait preuve : des appareils à transmuter les métaux, un autre pour lire les pensées, un autre pour écouter les conversations à distance, les rayons X, la cryogénisation, la locomotive aérienne. De découverte en découverte, Isidore se trouve confronté à des questions morales ou sociales que posent ces inventions. En portant un regard sur le futur, c’est notre époque que Desmarest questionne. Malgré son côté fragmentaire et inachevé, L’Empire savant est un roman passionnant.

Deux siècles à l’avance, il nous questionne sur les risques de notre temps.

Daniel Compère