[NOUVEAUTÉ] Al Teatro : Cheval de guerre, de Stéphanie Benson 7 novembre 2018 – Publié dans : Notre actualité – Mots-clés : ,

Une danse macabre et noire comme la nuit en quatre partitions folles, voilà de quoi il est question dans l'œuvre monstre de Stéphanie Benson : Al Teatro. Pour faire suite au Cavalier seul que nous avons réédité en papier au début de cette année, voilà le deuxième tome de cette aventure hors-normes, intitulé Cheval de guerre. Dans ce tumulte qui oscille entre le roman noir, le thriller politique, le fantastique et la violence des récits pré-apocalyptiques, on ne cesse de (se) chercher une issue, on souffre avec les enquêteurs, on a le cœur qui bat, on éprouve.

 

Dans ce deuxième opus d'une grande tenue, où l'écriture s'affirme, s'affine, sans jamais laisser de côté l'humour grinçant déjà développé avec succès dans le premier, Stéphanie Benson fait bien plus que prolonger le plaisir : elle va plus loin dans l'écriture d'un présent de papier que la violence contemporaine menace de déchirer de toute part. Elle glace le sang, elle fait rire, elle nous mène par le bout du nez. Et comme c'est bon de la suivre dans ces terrains accidentés de l'être.

 

« Le Cercle l'avait chargé de recoller les morceaux, de faire en sorte que, malgré l'incarcération du géniteur de l'Antéchrist, la fin du monde puisse gentiment poursuivre son bonhomme de chemin au-delà du cataclysme mondial vers le paradis sur Terre, et tout cela, si possible, avant le petit-déjeuner. »

Le deuxième volet de la fresque apocalyptique Al Teatro de Stéphanie Benson est le théâtre du déchaînement d'une haine destructrice sans limite orchestrée par Abaddon, dont quatre murs n'empêcheront pas d'assouvir la soif de chaos. Tirzah, poussée par des urgences qu’elle ne comprend pas, retourne chez elle dans le pays de poussière où elle trouvera refuge pour organiser une résistance hors-norme. Quand le réel ne suffit plus pour décrire une humanité qui sort d'elle-même, Stéphanie Benson nous emporte dans une odyssée glaçante et fantastique, où les chevaux de Troie ne sont plus ceux que l'on croit. Elle joue avec la folie et l’horreur avec un certain brio et accroche le lecteur dès les premières pages par un ton et une plume percutants.

 

Extrait

 

Vois-tu, petit papillon toi qui voles, ce qui ne va pas chez les policiers c’est qu’ils te posent quelque part et s’attendent à ce que tu y restes jusqu’à ce qu’ils reviennent te chercher, alors qu’ils savent très bien que la nature te pousse à battre tes ailes et qu’il suffit de retirer sa main des menottes. Ce n’est pas tant que Tirzah ne voulait pas rester avec eux ; après tout, ils étaient beaucoup plus gentils que Los. Mais c’est cette espèce de démangeaison qui fait que Tirzah ne tient pas en place, et il faut bien avouer que personne ne l’a retenue. Le monsieur avec les moustaches blanches qui ressemblait à un vieux chat très sage a souri en lui disant que la gare était juste en bas de la rue à droite, après le rond-point. Alors, allons-y pour la gare ! De toute façon, les soldats arrivaient, il ne fallait pas rester là.

Et puis, il y a le bébé. On ne peut pas vraiment l’oublier.

C’est bien gentil de vouloir me donner un bébé, mais j’aurais préféré qu’il soit déjà construit plutôt que de devoir le faire moi-même. Ulro m’avait dit qu’il se construirait tout seul. Moi, je veux bien, mais je ne connais rien aux bébés, c’était grand-mère Mariem qui s’occupait de tout ça, c’est pour ça que je dois retourner dans le pays de poussière la retrouver, si j’y parviens à temps. Je n’aimerais pas trop qu’il lui arrive un truc au bébé, comme à l’autre. Il faut l’éloigner de Milton, en tout cas, tout ce qui l’intéresse dans les bébés, c’est de les regarder mourir. Il n’est pas complet, Milton, il lui manque des trucs, mais on ne le sait pas quand on le rencontre, et ensuite, c’est trop tard. On pourrait presque le comparer à un animal, sauf que les animaux ne font pas ce que fait Milton, ça ne leur viendrait même pas à l’idée. Parfois, il est vrai, les souris mangent leurs petits, quand la maman souris sent venir le danger. Ce n’est pas de l’amour. C’est juste que la maman souris n’envisage pas le monde en termes de souffrance. Ce qui explique sans doute que les mamans souris ne fassent pas non plus la guerre. Alors que Milton, la souffrance, c’est son truc. Il adore ça. Vraiment.

 

*

*        *

 

296 pages
ISBN papier 978-2-37177-537-4
ISBN numérique 978-2-8145-0432-5
20€ / 5,99€

 Vous pouvez commander ce livre directement sur notre boutique (une manière de soutenir la maison d’édition et ses auteurs) ou en ligne (Place des libraires, etc.) — et bien évidemment chez votre libraire en lui indiquant l’ISBN 978-2-37177-537-4, distribution Hachette Livre.

 

ACHETER LE LIVRE

*