Chèr·e·s toutes & tous,
Voyager dans le temps, il semblerait que ce soit notre lot quotidien. On le fait sans même s'en rendre compte et ici-même, maintenant, toutes et tous on chemine doucement vers un avenir constant.
Dans nos livres aussi le temps nous tiraille. Les futurs qui s'offrent à nous peuvent être des constructions utopiques, des projets de vie meilleure, des pistes littéraires pour aider à mettre en place un autre monde possible. C'est la ligne que s'est fixée Philippe Éthuin avec sa collection ArchéoSF qui depuis bientôt sept ans nous réjouit de textes oubliés dans les archives de la science-fiction. Dans Demain, les Révolutions !, on monte sur les barricades du passé pour réécrire l'avenir. On y recense les anticipations révolutionnaires, les utopies citoyennes. On célèbre à notre façon mai 68. Et tous les printemps sociaux et contestataires s'y retrouvent : pour chaque exemplaire du livre acheté jusqu'à la fin du mois de juin, ArchéoSF reversera 2,50€ à une caisse de grève du mouvement cheminot. D'autres mondes possibles, il en est question dans Une utopie moderne, où vous découvrirez rien de moins qu'une société idéale sur une planète jumelle de la Terre dépeinte par un maître de la science-fiction : un livre d'H.G. Wells réédité en français pour la première fois depuis plus d'un siècle.
Les avenirs meilleurs se construisent aussi sur les crises passées : l'entreprise de Laurent Grisel, avec son Journal de la crise, est en cela remarquable qu'elle nous aide à mieux appréhender le monde dans lequel nous vivons. Avec ce troisième volume, consacré à l'année 2008, beaucoup de choses se sont déjà jouées : c'est l'année de la faillite de Lehman Brothers et d'AIG, l'affaire Kerviel-Société Générale mais surtout l'année où des émeutes de la faim se multiplient dans près de 40 pays. Ces crises au pluriel (financières, industrielles, politiques, humaines, écologiques) ont conditionné notre présent et déterminent encore nos futurs au moment où nous écrivons ces lignes. Dans cet ouvrage majeur, un journal éclairé, nous avançons avec l'auteur, à tâtons dans le marasme, pour décrypter une situation dont on dit qu'elle nous dépasse, mais qu'il appartient à chacun de scruter avec soin.
Nous sommes prévenus, et de là à finir sous les feux d'un cataclysme écologique il n'y a qu'un pas : ce sont les enfers pétrochimiques et les dérèglements climatiques d'Aujourd'hui Eurydice, à présent disponible, où l'État d'urgence permanent et la montée des eaux se marient avec la quête effrénée d'Eurydice par Orphée, et la réécriture du mythe qui se joue (un livre à découvrir absolument, commencez par exemple par le site web "avant-scène" créé pour l'occasion, c'est un espace qui vous permettra de prendre le pouls d'un monde en fusion). Ce sera aussi le théâtre du dénouement de la Saga de Mô avec cet ultime épisode : Malaïgue, qui verra Mô, évadé, remonté comme jamais, en proie au pourrissement de la Méditerranée, le calvaire des populations et littéralement la fin d'un monde. Un final haletant pour une Saga qui nous aura tenu en haleine pendant quatre ans (et qui pourrait bien n'avoir pas totalement dévoilé tous ses mystères...)
La fin d'un monde, c'est précisément le sujet de L'âme du miroir, roman maudit que Stavroùla Dimitrìou consacre à une épidémie de peste qui, au début du 19e siècle, décime la moitié de la population d'une ville au nord de la Grèce. Une ville au carrefour des cultures et des populations. Une ville où l'on passe d'un personnage à l'autre, de secret en péril, et de péril en prière. Ces pages hallucinées, découvertes et traduites comme de coutume par Michel Volkovitch, dictent un souffle dévastateur : le souffle de l'Apocalypse. Le tout dans une langue d'une poésie rare, une langue d'aujourd'hui, que nous sommes les premiers, en France, à vous faire découvrir.
Les mondes n'en ont jamais fini de finir et de renaître. Dans le passé ou au présent, en attendant que d'autres lendemains s'avancent. Dans l'ordre ou dans le désordre ou bien perdu dans le temps. Un bel endroit et un chouette moment pour se poser et lire.
Sincèrement,
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