Nouvelle parution : Épistol@rités, de Benoît Melançon 9 septembre 2013 – Publié dans : Notre actualité – Mots-clés : , , , , , , , , , , , ,

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Épistol@rités regroupe trois textes.

Sevigne@Internet est le texte d’une conférence présentée le 13 décembre 1995 au Département des littératures de l’Université Laval (Québec). Il a d’abord été publié par les Éditions Fides, en 1996, dans la collection « Les grandes conférences ».

La « Postface inédite » a été rédigée en 2011 pour l’édition numérique de Sevigne@Internet publiée à Montréal par Numerik:)ivres et Del Busso éditeur.

« Épistol@rités, d’aujourd’hui à hier » était à l’origine une conférence prononcée dans le cadre du XXXIVe Congrès de la Société canadienne d’étude du dix-huitième siècle (Montréal) le 18 octobre 2008. Le texte en a d’abord paru dans Lumen. Travaux choisis de la Société canadienne d’étude du dix-huitième siècle (vol. XXIX, 2010).

Une question les unit : en quoi les pratiques numériques d’aujourd’hui permettent-elles de réfléchir aux pratiques épistolaires d’hier ?

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Qu’on se le dise : la nostalgie ne guide pas mon propos. Mes journées commencent par la consultation de mon courrier électronique. Une partie de la réflexion que l’on va lire vient d’échanges menés grâce à ce moyen de communication. Je le crois utile – pour certaines choses.

On entend partout que l’usage du courrier électronique marque la renaissance de la pratique épistolaire, réputée disparue. C’est doublement faux : la lettre n’est jamais morte ; elle est tout à fait différente de ce type de courrier. On verra pourquoi.

Mon point de vue est celui de l’épistologue (le spécialiste de la lettre), pas celui de l’informaticien. Je ne me pose qu’une seule question : en quoi le courrier électronique permet-il de penser la lettre conçue en son sens classique ? Je veux comprendre, pas juger.

On m’objectera que j’oppose des essences, celle de la lettre à celle du courrier électronique, en faisant trop peu de cas des exceptions. L’objection est recevable.

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Ces intervalles dont se nourrissait la lettre traditionnelle ont été « écrasés » par la quasi-instantanéité du courrier électronique, de la même façon, pour le dire avec les informaticiens, qu’un fichier en « écrase » un autre, que le nouveau chasse l’ancien. Or la souffrance de l’attente (de l’absence) change complètement de nature quand le temps change : l’épistolier traditionnel ne savait pas, avant de recevoir une réponse, écrite ou non, si sa lettre était parvenue à bon port, et l’attente de cette réponse pouvait être longue et, le plus souvent, elle le paraissait ; le communicateur électronique, lui, au prix de manœuvres relativement simples, en quelques minutes, où qu’il soit sur la planète, peut s’assurer que son message a été reçu (s’il a été lu est un problème à part, autrement complexe sur le plan technique). Le premier personnage – l’épistolier traditionnel – vivait de doutes : ma lettre a-t-elle été reçue ? Si oui, pourquoi n’ai-je pas eu de réponse ? Sinon, que s’est-il passé, que se passe-t-il ? Le second – le communicateur électronique – navigue du plaisir presque immédiat (ma lettre est arrivée à destination et on m’a répondu) aux interminables angoisses (ma lettre est arrivée à destination et on ne m’a pas répondu ; ou encore : il y a quelqu’un ou quelque chose qui a intercepté ma lettre avant qu’elle n’arrive à destination, ce qui fait que je n’aurai pas de réponse) ;  il est ballotté, ce communicateur, écrit Marlena G. Corcoran, entre « lag » et « immediacy ». Parlant d’« échange épistolaire instantané », Jean-Pierre Le Grand, dans un article du magazine Spirale, se méprend sur la nature de l’épistolaire : une lettre, par définition, ça ne peut pas être instantané, ça doit se faire attendre.

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Sera également disponible en POD.