[REVUE DE PRESSE] Nous sommes des tumbleweeds ballotés dans les mots de Virginie Gautier, une chronique de Sylvain Damy 11 septembre 2014 – Publié dans : La revue de presse – Mots-clés : , , , , , ,

Merci à Sylvain Damy pour cette très belle chronique et cette si juste lecture. Retrouvez cette chronique parmi d'autres ici-même.

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En faisant de son lecteur le tumbleweed qu’elle décrit au détour d’une déambulation, Virginie Gautier le fait voyager sans contrainte géographique ni temporelle. De cette langue sensible qui nous avait tant émerveillé dans Les yeux fermés, les yeux ouverts (éditions Le chemin de fer, 2014), elle convoque toutes les facettes d’une ville. Cette ville multiple, étrange, secrète. Celle qui mêle l’Inde à Paris, la Grande-Bretagne à l’Afrique.

Émile Verhaeren avait décrit la poésie de ces « villes tentaculaires » dans des images brumeuses héritées de Turner. Ici, Virginie Gautier convoque d’autres guides : Pina Bausch, Cy Twombly, Denis Darzacq… soit une recherche permanente du mouvement. Rien n’est jamais figé chez Virginie Gautier, tout se bat en permanence pour faire de la ville l’essence même des corps qu’elle protège. Des corps civilisés ou qui se civilisent. La même civilisation qui lutte contre une nature omniprésente. Est-ce un hasard si au détour des déambulations, le lecteur croise des croquis, des dessins, des cartes et des diagrammes qui lui montrent le chemin ?

En effet, de dessins rupestres en diagrammes complexes, l’évolution de la ville passe par l’évolution de ceux qui la font. De temps à autre, une voix se fait entendre. Des fichiers audio et vidéo parsèment ce voyage intemporel dans lequel l’espace est concentré en une entité minimale. La perception du langage est donc multiple et complète. Elle traduit avec force émotions la concrétisation d’un monde qui bouge sous nos pieds et devant nos yeux. La ville en est sa traduction en plus d’être la matérialisation d’un Temps qui fût. Passé, présent, futur, Europe, Asie, Afrique, tout se mélange dans le portrait d’une ville. Portrait ? Oui, car rien n’est plus humain sous les mots de l’auteure que cette matrice ultime que représente la cité. Une matrice née de l’homme et qui donne elle-même naissance à l’humanité. Un ruban en somme que l’on déroule dans une poésie habitée comme on l’aime depuis Les zones ignorées (éditions Le chemin de fer, 2010).

La richesse de ce texte vient donc de ce supra langage qui fascine le lecteur et lui laisse ce sentiment tellement agréable de se laisser porter par les mots ou par les vents, malgré soi, en confiance, récoltant dans sa course de quoi grandir et de quoi vivre. Comme un tumbleweed balloté dans les mots de Virginie Gautier.

S.D

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