Mémoire vive : nous ne sommes pas que des fantômes numériques 31 mars 2014 – Publié dans : Notre actualité – Mots-clés : ,

coverL’étrange sensation du flottement quand on se laisse emporter par un texte, ça vous dit quelque chose ? Mémoire vive est un recueil de nouvelles écrit, imaginé, orchestré avec brio, aux chutes implacables, aux chutes parfaites ; et la chute, c’est ce qui fait la nouvelle. On pourrait penser que le fil est l’aspect technologique, le numérique ou la robotique, mais le coeur du problème est bien — et toujours — l’Humain. Nicolas Morin explore la mort et la vieillesse, l’amour et la distance, l’Asie, la guerre, le passé, l’enfance, la séparation, le sexe, et le futur, en laissant juste assez de flou autour des mots pour que le lecteur plonge instantanément dans ses propres émotions. Et moi, à sa place, qu’est-ce que j’aurais fait ? Si j’étais cette vieille femme, et ce vieil homme, et quel est ce monde étrange qui m’entoure désormais dans ce futur au goût métallique, dans ce passé aux saveurs sépia ? Je suis cette jeune femme qui marche dans la vie et cet écrivain qui vieillit, je suis cet homme parti à la guerre, et ce talentueux chef d’entreprise en Asie, je suis à la recherche de mes origines, je suis multiple, je suis perdu-e. Ça réveille des fantômes, aussi. Ça renvoie les certitudes au placard. Ça nous arrache parfois un « aaaah, c’est ça… », persuadés que nous étions d’avoir tout compris, mais bien malin celui qui sait qui est qui dès les premières lignes, et ce qui se passe, et comment ça se passe. Pas anodin non plus que le titre de chaque nouvelle soit le nom du personnage. Nicolas Morin, comme s’il observait avec des Google Glass géantes le monde qui l’entourait, a choisi des personnes bien précises, en a fait le portrait et déroulé la vie, dans leurs lâchetés et leurs drames, leurs bonheurs et leurs souffrances, et nous sommes assis face à eux, le regard s’attardant sur le miroir.

Le pouvoir d’un recueil de nouvelles c’est aussi de permettre de s’attacher à certaines. Pas à toutes. Mais d’en garder avec soi quelques-unes, celles « qui nous parlent », et d’y repenser comme à un vieil ami qu’on ne voit pas souvent. Elles restent accrochées quelque part. Pour moi, c’est Fernande Pons, et Kim Chewon, et Jimmy Haoi, et Christine et Luca. Et pour vous ?

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Ce qui est chouette aussi, avec le numérique, c’est que l’auteur a pu augmenter facilement son recueil originel de deux nouveaux textes  et non des moindres. Bref, foncez.

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