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L'OPÉRATION 100 BIBS 50 EPUBS

par François Bon

Lancée en mars 2013, l'opération #100bibs50epubs est une idée de Jean-François Colosimo, directeur du Centre National du Livre (voir le communiqué de presse).

Dans la tradition des fonds spécialisés que le CNL met à la disposition des bibliothèques, une sélection de 50 textes contemporains au format numérique est mise à la disposition de 100 établissements de lecture publique. De très nombreux établissements se sont dotés de supports électroniques de lecture, et en proposent le prêt à leurs usagers. Nous sommes dans un contexte juridique qui se modifiera nécessairement en fonction de cette mutation des usages. Mais pour l'instant, au regard du droit de la propriété intellectuelle, nous pouvons proposer l'abonnement à notre catalogue en streaming (et plusieurs de nos abonnés participent à l'expérience #100bibs50epubs, ces modes de consultation sont complémentaires), et, paradoxalement, à moins de systèmes de verrous compliqués ou chronodégradables, ces liseuses en prêt ne proposent que des textes du domaine public.

C'est donc véritablement une première que ce que nous proposons aujourd'hui, c'est-à-dire l'équipe de publie.net, le CNL et l'ADDNB qui en est partenaire.

Les textes proposés ? Une cruelle sélection dans notre catalogue, en privilégiant une publication ou mise à jour récente, la représentativité des différentes directions de travail et genres, résonance de la lecture ou de la fiction avec la mutation numérique en cours, et la possibilité d'articuler une médiation tous publics (y compris collèges ou jeunes publics) depuis les ouvrages proposés.

Plusieurs établissements ont déjà exprimé leur intention d'inviter les auteurs pour des rencontres, lectures, ateliers, et ce sera aussi une dimension importante de l'expérience.

Un certain nombre des titres proposés existe en version imprimée (diffusion Hachette Livre) pour servir éventuellement d'appui à la médiation, et chacun de nos titres imprimés dispose d'un code d'accès à la version numérique permettant justement cette libre utilisation en bibliothèque, pour tous les titres.

La mise à disposition se fait « dans un cadre confiant », c'est-à-dire que les textes sont proposés sans verrous ni dispositifs anti-copie, et nous remercions les établissements, en accord avec nos auteurs, d'en réserver l'usage exclusif aux appareils mis à disposition de leurs propres usagers. Chaque ebook inclut d'ailleurs sur sa couverture le logo du CNL, et en préambule, avec la présentation de l'auteur, des liens vers son site ou son blog, ainsi que son adresse Twitter ou Facebook pour un échange direct (c'est une des dimensions décisives de l'échange, on l'espère), ainsi qu'un rappel de l'opération.

L'ADDNB (merci à Michel Fauchié) se chargera de procéder à une évaluation précise de l'expérience, les médiations entreprises, les mises en avant, l'accompagnement, les retours…

À disposition sont mis : les 50 epubs, les vignettes de couverture, les logos de l'opération.

Nous avons également eu l'idée de trois Ready-made Médiations, des propositions d'actions en bibliothèque que vous pourrez retrouver ci-contre.

par François Bon

En décembre 2013, lors d’un échange au Centre national du Livres, en présence de François Rouyer-Gayette, Jean-François Colosimo, qui en était alors le directeur, propose à publie.net l’idée suivante : la mise à disposition, pour les bibliothèques proposant à leurs usagers des liseuses et tablettes en prêt, d’un mini fonds de littérature contemporaine pris au catalogue publie.net.

Le contexte : nous avons été les premiers, dès janvier 2009, grâce à notre distributeur l’Immatériel-fr, mais dès début 2008 avec la collaboration de la BPI et de la BU Angers, à proposer aux bibliothèques un accès streaming à l’ensemble de notre catalogue. En 2013, on assiste au brusque essor de l’équipement en liseuses des bibliothèques territoriales ou universitaires, mais beaucoup trop souvent limité à la mise à disposition de textes domaines publics (mis à disposition sur des plateformes gratuites, donc sans préparation éditoriale de qualité, ni révision, ni ergonomie, ni métadonnées – ce qui qualifie au contraire notre propre démarche).

De notre propre initiative, par rapport à la proposition initiale du CNL, nous proposons un pack élargi à 50 textes contemporains, et nous lançons un appel – très vite relayé par les réseaux professionnels des bibliothèques et 5 Centres régionaux du Livre (mais pas plus, ne rêvons pas !), élargissant cette proposition à 100 établissements, sous le logo générique #100bibs50epubs qui nous servira de lien sur Twitter pour l’ensemble de la communication.

Nous recevrons ainsi, dans les 5 ou 6 semaines à suivre, près de 80 propositions, et nous les accepterons toutes (les 2 exceptions sont celles d’un établissement qui voudrait que nous établissions une demande d’autorisation à leur tutelle politique, et d’un autre qui soumet sa participation au recrutement éventuel d’un stagiaire, sans personne pour relayer dans son équipe).

D’emblée, nous sommes surpris par la diversité de ces candidatures : établissements territoriaux ou universitaires avec déjà une large pratique de la médiation de supports numériques, BDP ou médiathèques en train précisément de s’équiper en supports de prêt, découvrant l’univers de la médiation numérique mais déjà impliqués dans le soutien à la littérature de création, enfin une suite d’établissements très divers quant à la taille ou le public, parfois dans une démarche très spécialisée (public non-voyant). Une très grande diversité dans les démarches d’équipement et les propositions de prêt – pour certains établissements il s’agira surtout de formation interne de leurs équipes, d’autres ne disposeront réellement des matériels prévus qu’au terme de l’expérience…

De notre côté, pendant ces six semaines de préparation, sélection d’abord de 50 textes. Les critères : textes représentatifs de notre catalogue, diversité des registres, essai, poésie, traductions et pas seulement fiction, mais préparer aussi la médiation en amont, en insérant des textes susceptibles d’utilisation pédagogique auprès de jeunes publics (en bibliothèque) ou de classes (présence de CDI collèges et lycées dans les 80 partenaires, chaque fois avec un enseignant en tiers). Nous composons aussi notre proposition en fonction de la diversité géographique des auteurs, et de leur disponibilité pour des actions communes, lectures, rencontres, échanges directs établissement-auteur. Enfin, l’attention portée à la possible exploration numérique elle-même du texte, portage sur tablette, interactivité, lecture non linéaire.

Du côté de publie.net, nous mobilisons sur cette action, outre l’apport équipe collectif, une étudiante en alternance (Morgane B..., IUT La Roche-sur-Yon puis licence édition Bordeaux III, actuellement en master médiation du livre à l’université de Poitiers). Les 50 textes du packs bénéficient d’une mise à jour avec la collaboration de l’auteur, une couverture incluant le logo du CNL, un rappel de l’opération, et une présentation de l’ouvrage et de l’auteur intégrée en préface de l’epub, ainsi que des liens vers les adresses réseau de l’auteur ou son site personnel. Nous proposons aussi, dans le même dossier ftp, d’éléments de médiation : notamment les couvertures des ouvrages.

À signaler que plusieurs des ouvrages proposés dans le pack numérique sont aussi disponibles dans notre catalogue papier, distribué par Hachette Livre, et que plusieurs établissements auront la générosité de s’appuyer sur cette collection (dont la particularité, et nous sommes là aussi les premiers à l’avoir proposé, c’est l’accès à la version numérique via QR code imprimé à la fin de l’ouvrage) pour leurs opérations de médiation.

La convention signée avec le CNL fin janvier 2013. La collecte des inscriptions et la mise au point du pack commencent aussitôt. La liste d’info mail est mise en service dès le lancement de l’appel, et un premier pack d’une vingtaine d’epubs est mis à disposition des premiers inscrits courant février, de façon à intégrer leurs remarques, et vérifier la bonne portabilité des epubs sur les différents types de liseuses dont ils sont équipés. Nous finaliserons ainsi le catalogue, lui-même mis à disposition sous forme d’epub, et différents rédactionnels de médiation. Enfin, les métadonnées Unimarc de l’ensemble de notre catalogue numérique sont mises à disposition des partenaires pour intégration des 50 titres du pack à leur catalogue. De même, le document Excel intégrant l’ensemble des partenaires, les personnes référentes et leur e-mail direct, ainsi qu’une brève description du projet numérique de l’établissement.

D’avril à novembre, chaque établissement mène à bien son expérience. La contrepartie d’un retour d’expérience a été évoquée dès l’inscription, et reste ouverte à une demande établie selon les critères du CNL et de l’Association pour le développement numérique des bibliothèques.

La collecte de ces retours d’expérience a lieu, selon la convention de départ, du 15 novembre au 15 décembre et la plus grande partie des établissements auront à cœur d’y satisfaire. C’est l’ensemble de ces réponses que vous trouverez dans le document ci-joint, selon le strict ordre chronologique de leur réception.

« Qu’est-ce qu’on risque, sinon d’être lu ? », avait résumé un de nos auteurs, par ailleurs conservateur en bibliothèque, au lancement de l’expérience… Le pack des 50 epubs a été diffusé sans verrou ni protection, et nous sommes heureux que certains établissements partenaires aient souhaité en pérenniser la mise à disposition.

Quelques remarques personnelles :

– la maturité relative des supports de lecture numérique a autorisé, depuis deux ans, un premier palier de stabilité des matériels. Il est logique que les établissements proposent ce service, et ils le font dans la tradition citoyenne qui leur est propre, non-dépendance à tel fabricant ou telle marque ;

– ces équipements dédiés à la lecture numérique restent des supports électroniques sommaires et peu évolutifs, la vague d’achat constatée en 2013 est légitime à condition qu’elle reste concomittante à la réflexion sur les autres usages web possibles en bibliothèque : ainsi l’accès à distance pour la lecture connectée (que nous testons avec les bibliothèques de Montréal et la BNF, parmi d’autres), ainsi la complémentarité papier+epub (qui lève un obstacle juridique de taille à la diffusion sur support numérique seul), enfin l’accès au mode lecture streaming par abonnement global, tel que testé avec notre catalogue par un certain nombre d’établissements représentatifs (BU Nantes, Montpellier, Strasbourg parmi d’autres, et BPI ou de nombreuses bibliothèques départementales ou communautés d’agglo) ;
– un contexte constamment dynamique concernant les contenus même de cette mise à disposition : tels comptes rendus de nos partenaires, ci-après, déplorent qu’il s’agisse de littérature contemporaine…. c’est quand même bien le point de départ, et l’ancrage du soutien du CNL à notre démarche, et là précisément où la bibliothèque s’honore d’un travail de médiation qui s’exprime de la même façon, avec le même défi, la même difficulté, les mêmes enjeux, qu’il s’agisse de numérique ou de support traditionnel.

Faut-il continuer l’expérience, ou n’est-elle qu’un hapax ? À titre personnel, je serais plus curieux aujourd’hui de ce qui se passe dans les ordinateurs même, mis par dizaines à disposition des usagers dans la bibliothèque considérée comme lieu social de création et de travail en commun, ou via le portail d’accès à son réseau wi-fi. Il y a me semble-t-il un enjeu considérable à un travail commun de médiation depuis ces supports en immédiat partage : c’est-à-dire un partenariat direct, pour cette médiation, des acteurs de la création (auteurs et éditeurs) et de l’expérience vive sur le lieu même du partage de la lecture – où la bibliothèque garde son rôle privilégié, comme en témoignent la multiplicité des expériences de résidences d’auteur en bibliothèque.

Nul doute que les rencontres directes qui ont découlé, sur tout le territoire, de l’expérience #100bibs50epubs resteront pour nous tous le plus haut souvenir. Le format epub, qui enclot dans un même objet numérique, indépendant du web et tout comme un livre imprimé, un ensemble de ressources composites, ses métadonnées, et le lien à ses ressources spécifiques de médiation, garde alors toute sa pertinence.

Je veux avant tout remercier, d’abord Jean-François Colosimo et François Rouyer-Gayette pour la part spécifique du CNL dans l’idée de cette initiative, mais aussi et tout de suite celles et ceux qui en ont été les 80 médiateurs de terrain, dans la diversité des conditions de cette brève expérimentation, mais qui n’a pas pour l’instant d’équivalent – que je sache – en termes d’auteurs réunis, et d’une tranche toute vive de création contemporaine en mouvement.