[NOUVEAUTÉS] Futurs de province et Les Mystères de Coat-er-Urlo 14 juin 2017 – Publié dans : Notre actualité – Mots-clés : , , , , ,

ArchéoSF se refait une beauté (Waw, un nouveau site !) pour fêter la parution de deux nouveaux titres dans la collection : Futurs de province et Les Mystères de Coat-er-Urlo.

Hors de Paris, pas d’avenir ? Futurs de province vous offre quatorze preuves du contraire. Se projetant dans l’avenir, cinquante ans en avant pour les plus timides, mille ans pour les plus audacieux, ces textes rassemblés pour la première fois nous parlent d’urbanisme, d’économie, de démographie, d’industrie, de sport… Ils nous font entrer dans l’imaginaire de défricheurs provinciaux de l’avenir, parfois célèbres tel Jules Verne, souvent oubliés pour les autres. La province, doux lieu de l’utopie !

Comme Paris, la province a rêvé du futur, de son futur. Des membres de sociétés savantes, des écrivains, des journalistes se sont faits anticipateurs et ont imaginé l’avenir de leur ville et de leur province. Pourtant, ces textes restent méconnus. Cette anthologie sur les Futurs de province est l’une des premières à cerner les thèmes de ces anticipations provinciales. Dans les archives municipales et départementales, dans celles des sociétés savantes et sans doute dans d’autres encore, sommeillent des anticipations en attente d’être redécouvertes. Cet intérêt n’est pas neuf, comme en témoigne la description, recueillie dans ce volume, faite en 1937 par le docteur J. Labougle, du manuscrit centenaire de Bertrand Barère Tarbes en l’an 2000 (1837).

Certaines anticipations, comme celles conçues pour des occasions particulières, nous échappent pratiquement en totalité. Nous connaissons parfois par la presse ou par des recueils de souvenirs leur existence mais il faut souvent se contenter d’une description sommaire. À titre d’exemple on apprend en consultant les périodiques anciens ou les études régionalistes que lors de la fête historique et celtique de Saint-Brieuc en 1906 une partie comique avait pour titre Saint-Brieuc en l’an 2000 — et l’on put lire cette description d’un char : « C’est un monument. D’un côté nous y remarquons la future passerelle qui doit relier le boulevard Charner au quartier de Robien. Au-dessous passe une locomotive. Au-dessus un tableau représente le Théâtre du Peuple, des ballons dirigeables, etc. » — ou que la Revue de l’Alhambra-Théâtre Le Nouvel acte proposa en 1909 un décor « La ville de Rouen en l’An Deux Mil » : « Dans un décor merveilleusement fantaisiste, […] on assiste à quelques nouvelles scènes, d’ailleurs très bien venues. Si dans un siècle la civilisation est aussi raffinée que nous la montrent MM. Jacques Roger et Louis Dussault, c’est vraiment dommage d’être venu si tôt sur la terre. Certainement nous y perdons. »

Nous recueillons dans ces Futurs de province le tableau « Rouen en l’An deux mil » extrait de la féérie-revue Rouen tan plan tire lire ! à titre d’échantillon de ces scènes théâtrales projetant le spectateur dans des futurs régionaux.

Fort heureusement des textes ont été publiés dans la presse locale et dans les bulletins de sociétés savantes, nous permettant ainsi d’accéder à l’imaginaire de ces défricheurs provinciaux de l’avenir. Certains sont parfaitement inconnus, voire anonymes, comme Le vieux conteur (1824) décrivant la ville de Nantes au vingtième siècle, d’autres sont célèbres tel ce discours de Jules Verne qui se promène à Amiens — ville dont il était conseiller municipal — en l’an 2000.

Généralement descriptives, ces anticipations prennent des formes multiples : rêve, utopie, article de dictionnaire, théâtre, discours, texte humoristique ou sérieux. Les auteurs, venant d’horizons divers, représentent l’éventail des notabilités de province. Aux côtés de l’illustre Amiénois Jules Verne, des hommes politiques, des militaires, des journalistes nous permettent de nous livrer à un véritable tour de France des grandes villes — Marseille, Lyon, Toulouse et Nantes — en passant par les moyennes — Rouen, Tarbes, Poitiers, Vienne, Amiens, Grenoble — et jusqu’aux petites comme Flers dans l’Orne.

La prospective sert fréquemment à défendre des idées de progrès mais certains textes usent aussi de l’anticipation pour se moquer des travers de leurs concitoyens. En se projetant dans l’avenir, cinquante ans pour les plus timides, mille ans pour les plus audacieux, les auteurs nous parlent d’urbanisme, d’économie, de démographie, d’industrie et même de sport… le plus souvent sous le signe du développement heureux. La province sait être le doux lieu de l’utopie…

206 pages
ISBN papier 978-2-37177-499-5
ISBN numérique 978-2-37177-169-7
18€ / 4,99€

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Un homme invisible en Bretagne ?

Tel est le thème des Mystères de Coat-er-Urlo paru anonymement en 1923 dans Les Petits Bonshommes (une publication pour la jeunesse), et totalement tombé dans l’oubli jusqu’à aujourd’hui.

La quête de l’invisibilité remonte à la plus haute antiquité. Dans La République de Platon, Gygès découvre un anneau permettant de se rendre invisible à volonté, séduit la reine de Lydie, tue le roi et s’empare du trône. L’invisibilité octroie un immense pouvoir : l’impunité. Cet anneau traverse la littérature jusqu’au célèbre « anneau unique », produit par Sauron, que l’on trouve dans Le Hobbit puis Le Seigneur des anneaux de J. R. R. Tolkien. Aux côtés de ces objets magiques, les écrivains, H. G. Wells en tête, ont conçu des moyens rationnels de devenir invisible. The Invisible man de H. G. Wells paraît en 1897 et est traduit pour la première fois en français en 1901. Nombre d’auteurs se sont inspirés de ce roman. Dès 1907, Louis Boussenard publie Monsieur… Rien ! Aventures extraordinaires d’un homme invisible dans lequel le professeur Lobanof met au point un procédé chimique permettant de rendre invisible un être vivant. En 1909, le film L’homme invisible, de Ferdinand Zecca, est produit par Pathé Frères : un voleur s’inspire du roman d’H. G. Wells pour mettre au point une potion d’invisibilité, mener à bien ses larcins et ridiculiser la police. Sous le pseudonyme d’Edmond Cazal, Jean de la Hire écrit un Joë Rollon, l’autre homme invisible (1919), hommage se voulant érotique au personnage d’H. G. Wells.

Pour rendre invisible le personnage de la nouvelle L’homme invisible (1927), l’écrivain Jean Mitsler use de la transparence des tissus organiques. En 1935, le narrateur du roman de Jean Desthieux Le péripatéticien expérimente l’invisibilité. En 1950, Henry-Gérard Viot et Pierre Devaux nous présentent L’écolier invisible.

Les Mystères de Coat-er-Urlo nous content la drôlatique aventure de Jean-Marie, vagabond recruté par un savant original, Monsieur Trégourec, qui mène des recherches sur l’invisibilité au cœur du bocage breton. Pour ce faire, il a isolé le triméthylamine de fluoriridium et il se met en quête d’un cobaye humain, aux confins des Côtes d’Armor et du Finistère, dans la Bretagne intérieure « où l’on croit encore volontiers aux fées, aux lutins et aux farfadets », dans les landes et dans les bois. L’ancrage géographique est affirmé avec la mention de lieux comme Huelgoat, Gouarec, Le Moustoir d’autres toponymes qui sonnent breton sans pouvoir être clairement localisés : si le château de Coat-er-Urlo ressemble à celui de Coat-an-Noz, Lan-Goélan, Closterpoher et Plouénour-Braz semblent plus difficiles à situer même si des hypothèses pourraient être avancées…

Sûr de son impunité, Jean-Marie échappe au savant et sème la terreur, profitant de son invisibilité pour multiplier les rapines et rire aux dépens des habitants. Mais tel est pris qui croyait prendre !

96 pages / petit format (152mm sur 102mm)
ISBN papier 978-2-37177-517-6
ISBN numérique 978-2-37177-175-8
10€ / 2,99€

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